Roland Dorgelès, "Les crois de bois" : analyse de l'oeuvre

Résumé du document

A en croire le titre du roman, l'on s'attendrait à ce qu'il débute par une scène illustrant le drame qu'est la guerre. Cependant, Dorgelès a choisi d'ouvrir son roman par une image pleine de quiétude et de bonheur apparent qui remplie une fonction d'énonciation bien précise : la présentation des protagonistes, camarades du narrateur.

En effet, le premier chapitre intitulé Frères d'armes nous fait découvrir la multitude des personnages, critère assez répandu dans les romans de guerre. Il y a Bréval, le caporal, Hamel, surnommé le "père", Fouillard, Vairon, Lagny, l'agent de liaison, Bouffioux, le "gros", Belin, le "petit", Broucke, le "gars du ch'Nord", Sulphart, Demachy, le nouveau et Larcher, un écrivain qui s'avère être le narrateur du roman (...)

Extraits

[...] Au chapitre toute la ligne allemande tire : les balles miaulent au-dessus de la tranchée ( . Dans ce bruit de fusillade, le crépitement régulier d'une mitrailleuse domine, exaspérant Plus loin, les obus sifflent et tombent au hasard autour de l'escouade, les blessant tantôt par son explosion tantôt par les éclats de toute nature qu'ils projettent. De plus, innovation technologique suprême, les gaz asphyxiants font leur apparition au chapitre intitulé en revenant de Montmartre où le narrateur témoigne : je suffoquais sous mon bâillon, les poumons brûlants Enfin, impossible d'oublier le moment de torture psychologique provoqué par l'épisode de la mine sur le Mont Calvaire où l'escouade du narrateur échappe de peu à la mort. [...]

[...] Dans Les croix de bois, les soldats sont très affectés par le comportement de leurs femmes laissées à l'arrière. Dorgelès nous donne l'exemple de deux adultères. D'abord, il y a celui de la femme de Bréval. En effet, lorsque ce dernier agonise après avoir été lourdement blessé par une balle, il éclate en sanglot pour révéler le pire à Gilbert : tu le dira à tout le monde, que c'est une salope, qu'elle faisait la vie pendant que j'étais au front . [...]

[...] Cependant, Dorgelès a choisi d'ouvrir son roman par une image pleine de quiétude et de bonheur apparent qui remplie une fonction d'énonciation bien précise : la présentation des protagonistes, camarades du narrateur. En effet, le premier chapitre intitulé Frères d'armes nous fait découvrir la multitude des personnages, critère assez répandu dans les romans de guerre. Il y a Bréval, le caporal, Hamel, surnommé le père Fouillard, Vairon, Lagny, l'agent de liaison, Bouffioux, le gros Belin, le petit Broucke, le gars du ch'Nord Sulphart, Demachy, le nouveau et Larcher, un écrivain qui s'avère être le narrateur du roman. [...]

[...] La réalité de la mort Toutefois, la mort n'est pas relatée que de manière symbolique car il faut aussi dire vrai Pour cette raison, Dorgelès décrit avec un réalisme terrible la mort qui emporte Demachy qui tente alors de soigner sa large blessure : ce fut horrible, il lui sembla qu'il allait s'arracher les entrailles, emporter sa chair . ( . ) torture atroce qui lui broya les reins Cette description réaliste est de loin la plus marquante du roman car l'on souffre avec le personnage qui tente de se sauver alors qu'il n'y a plus d'espoir. CONCLUSION En guise de conclusion, il semble essentiel de rappeler que Les croix de bois est avant tout un roman pacifiste par son réquisitoire contre la guerre. [...]

[...] En 1919, il se fait remarquer pour son ouvrage Les croix de bois, qui recevra le prix Goncourt cette même année. Composé de dix sept chapitres n'ayant pas de réels liens entre eux, ce roman à caractère autobiographique est un témoignage exceptionnel sur la Grande Guerre qui nous fait partager l'expérience de Jacques Larcher et de son escouade au sein des tranchées. Le roman est écrit à la première personne dans sa majorité, mais on trouve un personnage de premier plan, ami du narrateur, Gilbert, à travers les yeux duquel certains épisodes sont vus, comme si, curieusement, le roman détenait une double énonciation à certains moments. [...]