Le Dom Juan de Molière, qui est une condamnation en règle du libertinage autant que de la dévotion superstitieuse, demeure en cela volontairement ambigu. Le personnage de Dom Juan est l'hybris incarnée : jeune et beau noble sicilien, grand séducteur et grand seigneur, il ne craint rien ni personne, pas même le Ciel.
Le paradoxe entre l'éloge dû à l'homme résistant à toutes les superstitions et le blâme du libertin blasphémateur est maintenu tout au fil de la pièce, notamment à travers le personnage de Sganarelle, son valet toujours partagé entre la condamnation morale et l'admiration de l'homme – « Ah ! quel homme ! quel homme ! ». Il culmine dans le dénouement : Dom Juan est justement puni de ses excès, mais demeure d'une certaine manière vainqueur ; il ne s'est jamais repenti. Molière, adepte de la libre-pensée, respecte les religions, mais en condamne les excès, autant que ceux du libertinage.
[...] Mais survient Done Elvire, bien décidée à obtenir des explications au séducteur. Celui-ci se réfugie dans la plus odieuse hypocrisie, et la dame repart en l'accablant de menaces. Dom Juan, impassible, prépare déjà l'exécution de son stratagème. - Acte II : Le plan tombe à l'eau, et Dom Juan et Sganarelle sont sauvés de la noyade par Pierrot, un paysan. Celui-ci est promis à Charlotte, mais c'est sans compter sur Dom Juan qui couvre déjà de promesses de mariage la jeune fille. [...]
[...] - Acte III : Dom Juan et Sganarelle font route à travers la forêt. Le débat est lancé sur la foi : Dom Juan confie qu'il ne croit pas plus en Dieu qu'en la médecine. Scandalisé, Sganarelle tente de démontrer l'existence de Dieu dans toute la création, en vain. Dom Juan est et demeure incrédule. Les deux hommes s'étant égarés, ils demandent leur chemin à un pauvre qui leur demande l'aumône. Dom Juan veut bien lui donner une pièce s'il accepte de jurer. [...]
[...] La différence fondamentale entre ces deux pièces est que le Dom Juan de Tirso demande à être confessé sur son lit de mort, tandis que le personnage de Molière demeure inflexible dans son impiété Citations Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac, c'est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n'est pas digne de vivre. (Sganarelle, acte I scène Un grand seigneur méchant homme est une terrible chose. (Sganarelle, acte I scène Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. (Dom Juan, acte III, scène Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir. [...]
[...] Par affront, Dom Juan invite la statue à dîner. Celle-ci indique qu'elle accepte. - Acte IV : Dom Juan est rentré chez lui et attend son dîner. Plusieurs personnes interviennent : Monsieur Dimanche, son créancier, est expédié par d'obligeantes politesses. Puis Dom Louis, père de Dom Juan venu le sermonner pour ses mauvaises conduites, est reçu par une froide insolence de la part de son fils. Puis Done Elvire, frappée par la grâce, vient implorer son mauvais séducteur de se repentir comme elle pour son propre salut. [...]
[...] Molière, adepte de la libre-pensée, respecte les religions, mais en condamne les excès, autant que ceux du libertinage Anecdotes - La pièce suscita un tollé auprès des autorités religieuses qui la reçut comme une apologie du libertinage et du blasphème ; dés la deuxième représentation Molière fut contraint de tronquer voire supprimer certaines scènes (la rencontre avec le pauvre) et certaines répliques Mes gages ! Mes gages ! dans la dernière réplique de Sganarelle). La pièce n'est rejouée dans sa version originale qu'à partir de 1884. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture