Il s'agit du résumé d'un chapitre de Promenade dans l'œuvre de Jean-Claude Bonnet sur Diderot et sa théorie du théâtre, notamment en comparaison avec Rousseau, dont la conception du théâtre est différente
[...] Au théâtre, Rousseau oppose et préfère la fête, sur le mode antique. Il va ainsi à contre-courant des idées nouvelles et apparait comme un homme du passé. Ses pensées ne sont pas pour autant guidées par des critères moraux mais tendent à démonter l'idéologie des Lumières : le masque théâtral reflète la scission entre être et apparaître, par quoi le mal entre dans la société. Dans le Discours sur les sciences et les arts, il affirme en effet que l'artifice culturel corrompt les âmes humaines. [...]
[...] Le fils naturel représente les comédiens en action, dans la pièce elle-même et les comédiens en réflexion sur leurs actes, dans l'introduction ainsi que dans les Entretiens. Diderot se met aussi en scène dans ce dernier dialogue, ce qui préfigure déjà l'omniprésence de l'auteur dans sa création dans Jacques le fataliste. Dans les entretiens, les interlocuteurs évoquent ce que la pièce aurait pu être et la laisse ainsi en suspens, réalisant alors la liberté de l'auteur. Noter l'importance du pantomime pour Diderot. [...]
[...] La mise en scène n'est donc qu'une partie de la vaste entreprise (qui devrait aussi comprendre un travail d'architecture, une réforme du travail des comédiens . Le théâtre peut améliorer les mœurs et les comédiens ont une fonction initiatique. Mais pour Diderot, le théâtre n'est pas que sérieux : le comédien doit faire preuve de sensibilité pour jouer juste (rien n'est analytique). C'est une dramaturgie nouvelle de l'émotion. « Ce ne sont pas des mots que je veux remporter du théâtre, mais des impressions ». Le théâtre réussit n'est pas celui qui me transmet des idées mais celui qui me touche. [...]
[...] Il faut donc bannir le tumulte propre au spectacle et éduquer le spectateur au silence. Il conçoit une alternance et une complémentarité entre verbal et visuel que l'on retrouve aujourd'hui encore au cinéma par exemple. Il élabore la notion de quatrième mur : comme s'il séparait la scène du public. Il souhaite en effet que les comédiens jouent plus naturellement, sans s'adresser constamment au public ou créer une connivence avec lui (apartés, clins d'œil) de manière très théâtrale. C'est le « paradoxe du spectateur » : il faut l'ignorer pour le toucher. [...]
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