Le Supplément au voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas est un conte philosophique écrit par Denis Diderot (1713-1784), publié en volume pour la première fois en 1796, donc après la mort de l'écrivain et philosophe français.
L'ouvrage s'inscrit dans un triptyque de contes moraux rédigés en 1722. Il est donc précédé de Ceci n'est pas un conte et de Madame de la Carlière (...)
[...] L'opposition entre nature et société Les lois Diderot interroge en fait la légitimité et le fondement des lois, notamment Européennes. Comment expliquer la nécessité de codes dans la société ? Quel rapport entretenir avec l'ordre naturel, qui est lui beaucoup plus souple ? Le dialogue entre Orou et l'aumônier met en lumière l'absurdité de lois artificielles qui s'éloignent de la nature, qu'elles soient morales, juridiques ou religieuses. Mais surtout, elles portent en elles une contradiction vouée à rendre l'homme malheureux et à susciter le conflit dans les sociétés (jalousie, envie). [...]
[...] Deux personnages, A et discutent du Supplément au Voyage autour du monde écrit par Bougainville, que B est en train de lire. A n'a pas lu l'œuvre, c'est pourquoi il pose de nombreuses questions sur le voyage de Bougainville et la personnalité de celui-ci. Les réponses de B nous apprennent que Bougainville était un homme curieux qui passe d'une vie sédentaire et de plaisirs au métier actif, pénible, usant et dissipé du voyageur Suite aux informations sur le périple lui-même, B présente à A les difficultés rencontrées, les maladies, le difficile accès aux secours, etc. [...]
[...] Une œuvre protéiforme Le Supplément au voyage de Bougainville est un mélange de dialogue, de conte philosophique et de débat. Le dialogue sert ici à offrir plusieurs types de perspectives : - une perspective chronologique - une perspective de débat d'idées - une perspective didactique, qui n'est pas sans rappeler la maïeutique et le dialogue socratique. Questionner, informer et échanger sont alors des outils de réflexion et de transmission de messages. Mais surtout, il permet d'organiser un récit lui-même basé sur une structure enchâssée. [...]
[...] Cela transparaît notamment dans la harangue du vieillard. En effet, on passe du désir de voir, de s'éclairer et d'instruire aux inutiles lumières et à une mission civilisatrice qui bafoue les mœurs et la liberté des populations envahies. Dès lors, il n'est pas surprenant que le champ lexical qualifiant les colonisateurs soit abrupt et péjoratif : vils et corrompus infecté égorgé vertus chimériques Bien que les Lumières souhaitent répandre la culture et l'enseignement des idées, Diderot refuse cette mission civilisatrice sous la forme de la colonisation. [...]
[...] Ensuite, les compagnons poursuivent sur les conséquences négatives de ces lois, qui sont suivies d'un réquisitoire contre les sociétés européennes qui ont rejeté les lois naturelles, faisant de l'homme civilisé un être malheureux. Le beau temps revient, marquant la fin de la discussion et la poursuite de leur promenade. II- LES PROTAGONISTES DU SUPPLEMENT Cet ouvrage a comme spécificité d'être un dialogue entre deux protagonistes désignés par les lettres A et B. Nous ne savons rien d'eux, puisqu'ils n'ont même pas de noms. On les devine curieux, bons orateurs et vifs d'esprit. [...]
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