Pourquoi désobéir en démocratie, Albert Oagien, Sandra Laugier, désobéissance, démocratie, désobéissance civile, dépossession, informatique et liberté, fiche de lecture
Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice, l'inégalité ou la domination est un geste qui doit s'exprimer sous une forme d'action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance civile : elle consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon nonviolente, collective et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce qu'il la juge indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît pas...
[...] Chapitre 4 : L'expérience de la dépossession. En 2007, une circulaire aux agents de l'ANPE leur demande de signaler à la préfecture de Police tous les demandeurs d'emploi étrangers dont il semble raisonnable de penser qu'ils sont en situation irrégulière afin de procéder à leur arrestation (puis expulsion). Les agents de l'ANPE ont refusé d'appliquer la circulaire considérant que leur mission pour l'emploi ne fait pas d'eux des auxiliaires de police. En 2009, la fusion des ASSEDIC et de l'ANPE sous l'appellation actuelle de Pôle emploi a conduit à une transmission automatique informatisée des dossiers des étrangers à la préfecture de police. [...]
[...] Les appels à la désobéissance civile ont augmenté en France à la fin des années 2000. Il s'agit de refus délibérés et souvent organisés de suivre une loi (un décret ou une circulaire . ) jugée indigne ou injuste et qui se concrétise dans un passage à l'acte (action politique, mobilisation). On pourrait citer l'exemple des membres de RESF (réseau éducation sans frontières) qui cachent de élèves étrangers menacés d'expulsion, celui des bénévoles et militants qui aident les clandestins dans les zones de transit comme Calais, les arracheurs d'OGM, les médecins ou infirmiers déclarant avoir pratiqué l'euthanasie . [...]
[...] Stanley Cavell dans son ouvrage intitulé Conditions nobles et ignobles (1993) rejoint également ces auteurs en précisant qu'il n'y a pas de règles pour revendiquer, ou pour résister et que désobéir ce n'est pas suivre un protocole. Ceux qui en demandent ou cherchent à l'imposer sont des normativistes et ce normativisme est la marque ultime du conformisme. La désobéissance civile est donc un recours, interne à la démocratie, pour ceux qui se sentent dépossédés de leur voix dans leur histoire. [...]
[...] Chacun a le devoir de désobéir dès lors qu'un gouvernement agit contre ses propres principes). H.Thoreau s'opposait à l'esclavage et à la guerre au Mexique et affirmait que le gouvernement en place n'était pas le sien. Selon lui, le gouvernement nie l'égalité des droits que prône la Constitution. En effet, la déclaration d'indépendance des États-Unis stipule le juste pouvoir des gouvernements émane du consentement des gouvernés Au moment des manifestations contre la guerre en Irak, les foules américaines brandissaient des panneaux où l'on pouvait lire Not in our name La désobéissance n'est pas une mise en cause du contrat social mais une divergence de son interprétation. [...]
[...] Il existe trois façons de réduire au silence la désobéissance civile : ignorer les actions (sans jamais poursuivre les acteurs, ni commenter leurs actes), changer la loi en cause ou menacer les acteurs (par exemple dans une entreprise en suspendant les salaires ou en brandissant le spectre du licenciement . Le parti-pris de cet ouvrage est de considérer la désobéissance civile comme un symptôme de l'état dans lequel se trouve la démocratie en France aujourd'hui. Chapitre 1 : Désaccord, dissentiment, désobéissance et démocratie. Les notions de résistance/désobéissance et de démocratie semblent contradictoires mais ne le sont pas du tout. Si la société est raisonnablement libre et démocratique, et que l'on sait pouvoir s'y exprimer, alors la résistance n'a pas lieu d'être. [...]
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