Un ouvrage qui tente d'aborder la Littérature sous l'angle socio-historique. Les « valeurs bourgeoises » sont évoquées à chaque page, et à une série de chapitres thématiques posant les grandes questions de la Littérature jusqu'au début XXe succède une étude auteur par auteur et œuvre par œuvre, chronologiquement, qui montre la logique qui mène au « degré zéro de l'écriture »
Bien que suivant toujours cette ligne directrice, il est parsemé de textes composites, aussi différents qu'un questionnement de la rhétorique politique, un historique du style romanesque, un focus sur les noms propres chez Proust et une aide aux étudiants pour déchiffrer la structure d'une œuvre. Je n'ai pas tout compris ; tout ne m'a pas semblé pertinent, ce qui me l'a semblé tient dans ces quelques points.
[...] La narration à la troisième personne dans le roman est également idiosyncrasie et nécessité : Le il manifeste formellement le mythe Même plus : Le il balzacien n'est pas le terme d'une gestation partie d'un je transformé et généralisé ; c'est l'évènement originel et brut du roman, le matériau et non le fruit de la création. Barthes oppose il balzacien et flaubertien mais alors là, je n'ai rien compris. Ce qui est clair, c'est que pour lui, Le Roman est une Mort ; il fait de la vie un destin, du souvenir un acte utile, et de la durée un temps dirigé et significatif. La première personne, substitut mineur, est une destruction du roman, une négation. [...]
[...] II) Y a-t-il une écriture poétique ? Barthes présente d'abord la poésie classique, qui n'est que souci de perfection, de concision, d'esthétique générale et soumission à quelques règles (mètre, rimes féminines/masculines, images-types ) qui sont autant d'artifices inutiles mais décoratifs. Il lui oppose ensuite la poésie moderne, celle qui part [ ] de Rimbaud et dont la poésie est l'essence même de soi. Elle ne s'embarrasse plus scrupuleusement des règles qui ne sont que des moyens de se signaler comme telle : Les langages poétiques et prosaïques sont suffisamment séparés pour pouvoir se passer des signes mêmes de leur altérité. [...]
[...] Elle est aboutie, et sa caractéristique essentielle est d'être transportable Elle diffère de l'aphorisme par l'application qu'il met à l'insérer dans le paragraphe, mais il confie dans ses lettres son souci : Chaque paragraphe est bon en soi, et il y a des pages, j'en suis sûr, parfaites. Mais précisément, à cause de tout cela, ça ne marche pas. C'est une série de paragraphes tournés, arrêtés et qui ne dévalent pas les uns des autres. Il va falloir les dévisser, lâcher les joints. Ainsi, la libération à l'égard des codes rigides de la rhétorique classique complexifiés depuis Aristote, si elle permet leur apparition, n'en condamne pas moins à une douloureuse incertitude stylistique les auteurs de romans d'essences phénoménologistes, neutres, artisanaux et Nouveaux. [...]
[...] [ ] Alors commence à s'élaborer une imagerie de l'écrivain-artisan. Flaubert manipule des essences ; Proust des phénomènes. Mais tous deux subordonnent ces principes à la recherche stylistique, qui bien que laborieuse est une fin en soi. Cette recherche conduit logiquement des auteurs, surtout à partir de 1900, à élaborer leur propre écriture artisanale, qui placée à l'intérieur du patrimoine bourgeois, ne dérange aucun ordre ; privé d'autres combats, l'écrivain possède une passion qui suffit à le justifier : l'enfantement de la forme. [...]
[...] La marquise sortit à cinq heures. Ces actions émergent d'un autrefois sans épaisseur ; débarrassées du tremblement de l'existence ; elles ont la stabilité et le dessin d'une algèbre, elles sont un souvenir, mais un souvenir utile, dont l'intérêt compte beaucoup plus que la durée. Il justifie cet emploi du passé simple, rationaliste, par un esprit scientifique : Pour tous les grands récitants du XIXe siècle, le monde peut être pathétique mais il n'est pas abandonné, puisqu'il est un ensemble de rapports cohérents et d'actes qui peuvent être réduits à des signes et donc saisis, compris, cernés. [...]
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