[...] Les qualités de fonctionnement du territoire sont devenues un critère majeur de localisation des firmes, bien plus que le coût de la main d'oeuvre, depuis le milieu des années 80.
Avant les années 80, les entreprises faisaient le choix de se localiser dans les territoires à faible coût de main d'oeuvre, donc les territoires les plus pauvres, ce qui permettait un rééquilibrage « naturel » entre territoires. Aujourd'hui, les salaires (à poste équivalent) sont les mêmes sur tout le territoire français (mouvement d'égalisation des salaires depuis les années 80).
Les firmes choisissent de se localiser dans les territoires les plus denses, fluides, qui leur offrent un marché du travail étendu, une main d'oeuvre qualifiée, des coûts de transaction faibles, des ressources abondantes et diversifiées (principalement les métropoles).
Cette évolution, accompagnée par un retournement des politiques régionales, laisse présager une aggravation du déséquilibre entre territoires concurrentiels et territoires inadaptés.
Ces avantages sont cumulatifs et non comparatifs, ils entraînent une concentration de la production dans les territoires les plus compétitifs : la mondialisation est donc porteuse d'une métropolisation de la production, ce qui laisse présager un creusement de la fracture spatiale.
Cette évolution a par ailleurs été accompagnée par le changement de paradigme des politiques régionales depuis près de vingt ans : elles visent aujourd'hui moins à répartir également les fruits de la croissance nationale qu'à enjoindre les territoires à mieux y contribuer, c'est-à-dire à développer leur compétitivité. Cela passe notamment par la stimulation des avantages comparatifs des territoires qui en sont le mieux dotés (ex : soutien massif à un nombre réduit de pôles de compétitivité).
Dans les faits, l'augmentation des inégalités de PIB n'entraîne pas un creusement des inégalités de revenu entre territoires.
Les inégalités de revenu entre territoires n'ont cessé de se réduire depuis les années 80
Alors que depuis les années 80, les disparités interrégionales de PIB par habitat ont recommencé à croître, les disparités interrégionales de revenu, elles, se réduisent (...)
[...] La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses Laurent Davezies La République des Idées Seuil Euros. Laurent DAVEZIES Economiste spécialiste des politiques régionales, professeur à l'Université Paris-Est Créteil, à l'Institut d'Urbanisme de Paris et à Sciences Po, et expert indépendant. Il a été rapporteur du groupe de travail de l'OCDE sur les politiques régionales, il a siégé au Comité Stratégique de la DATAR. Il est membre du Conseil de Prospective de la DATAR et du Conseil de Développement de la Ville de Paris La mondialisation entraîne une concentration de la production, au risque d'une fracture spatiale croissante Les qualités de fonctionnement du territoire sont devenues un critère majeur de localisation des firmes, bien plus que le coût de la main d'œuvre, depuis le milieu des années 80. [...]
[...] Déplacements entre lieux de résidence et lieux de travail : la distance moyenne domicile-travail a doublé entre 1970 et 2000. Certains territoires (ex : la Plaine de France) sont riches en emplois, mais ces emplois sont occupés par des actifs résidant ailleurs, donc les revenus qu'ils génèrent sont dépensés ailleurs. Inversement, cette économie résidentielle en plein développement, constitue un des mécanismes du renouveau du monde rural : le quart des actifs vivant en milieu rural travaillent dans une aire urbaine. [...]
[...] Un dilemme pour l'action publique : les territoires qui contribuent le plus à la croissance nationale ne sont pas ceux qui en bénéficient le plus. Le danger est aujourd'hui de voir le succès de ce modèle résidentiel de développement local générer une compétition perverse entre territoires pour la captation des revenus indirects, au détriment de la croissance nationale. Cette tentation résidentielle égoïste de nombreux élus locaux notamment périurbains est inquiétante bien que légitime : cette libre poursuite des intérêts particuliers nuit à l'intérêt général (à la croissance). [...]
[...] A l'inverse le quart des Parisiens, arrivés à l'âge de la retraite, déménagent et quittent la ville. On peut y lire un effet de la forte intégration du territoire français en termes de spécialisation fonctionnelle : les habitants se déplacent naturellement en fonction des moments du cycle de vue et assez indépendamment de leur appartenance régionale. Le vieillissement de la population aura pour conséquence un poids croissant des revenus des retraites pour le développement des territoires dans les années à venir. [...]
[...] Cette évolution, accompagnée par un retournement des politiques régionales, laisse présager une aggravation du déséquilibre entre territoires concurrentiels et territoires inadaptés. Ces avantages sont cumulatifs et non comparatifs, ils entraînent une concentration de la production dans les territoires les plus compétitifs : la mondialisation est donc porteuse d'une métropolisation de la production, ce qui laisse présager un creusement de la fracture spatiale. Cette évolution a par ailleurs été accompagnée par le changement de paradigme des politiques régionales depuis près de vingt ans : elles visent aujourd'hui moins à répartir également les fruits de la croissance nationale qu'à enjoindre les territoires à mieux y contribuer, c'est-à-dire à développer leur compétitivité. [...]
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