De la parole comme d'une molécule se présente sous la forme d'un dialogue entre Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, psychanalyste et directeur de recherche en éthologie (étude du comportement humain), et Emile Noël, scientifique.
[...] Or, d'après Cyrulnik, l'affect à travers la sensorialité, est un critère de vérité ou plutôt d'efficience interactionnelle : l'affect est comme un instrument de mesure de la qualité d'une rencontre, dans laquelle les sensorialités s'imprègnent l'une de l'autre, à travers un regard, une poignée de main, l'inflexion d'une voix . Synthétiser ce texte n'est pas évident car les différents concepts s'entremêlent au fil du dialogue, un premier renvoyant à un second qui explique un troisième servant de base au premier, mais se référant indirectement à un quatrième, etc. [...]
[...] D'autre part, l'affect serait à la fois le fondement de sa vocation de chercheur mais aussi celui de son objet de recherche appelé la spirale de signes Tout porte à croire que l'explication fournie par Cyrulnik sur le fondement de sa profession de chercheur sert de propédeutique à l'inédit de sa théorie qu'est la spirale de signes. I. Résumé A la question inaugurale Comment devenons-nous chercheurs ? Cyrulnik amorce une réponse d'ordre pyscho-affectif : le chercheur est celui qui a connu des instabilités, dans son enfance tourmentée par des carences affectives. Ce chercheur en devenir désire alors à combler ces manques, en se recomposant un monde et en suivant ce que Cyrulnik appelle analogie au rugby- la formation du troisième ligne. [...]
[...] Ainsi abordé, l'affect semble nécessaire pour que la personnalité se développe et Cyrulnik ira même jusqu'à parler de nourriture affective pour montrer à quel point il nous est indispensable. Bien entendu, l'affect en soi, isolé, ne peut exister car il ne se manifeste qu'en corrélation à l'échange et à la parole. Par conséquent, la parole bénéficie également d'une matérialité. Cyrulnik constate en éthologie que la parole modifie les comportements humains comme chez l'enfant qui se met à parler, où sa gestualité et sa sécrétion d'hormones se modifient. [...]
[...] Le troisième ligne illustre donc la pensée synthétique du chercheur. Ainsi, l'affect serait, dans le fond, originel dans la construction du mode de pensée (synthétique ou analytique), mais il résiderait également dans la forme de toutes démarches scientifiques, même pour les plus objectives d'entre elles. On parle de sciences humaines comme s'il pouvait y avoir des sciences inhumaines : ce serait là oublier qu'un scientifique est avant tout un homme dont la perception –enracinée dans son inconscient- organise la structure du monde en fonction de sa propre organisation neurologique et affective. [...]
[...] Ainsi, Cyrulnik semble se rapprocher de l'école de Palo Alto. En effet, leur similitude réside dans leur approche synchronique des interactions où le comportement de chacun s'implique dans celui de l'autre. Aussi, Cyrulnik reprend cette école dans la notion de métacommunication en affirmant que le sens n'est pas le seul porteur de signification mais qu'il y autour de lui, toute une forme de la communication qui enveloppe et précise son contenu. Cyrulnik se réfère à cette école en prenant l'exemple du psychotique disant des choses effrayantes avec un grand sourire : l'école de Palo Alto appelle cela un paradoxe de la communication, devenue alors pathologique. [...]
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