La pensée de Michel de Certeau nous pose un questionnement qui est toujours d'actualité : comment se créer en tant qu'être humain au quotidien, comment créer un monde qui permette à chaque individu de s'exprimer ? Mais ce questionnement chez Michel de Certeau n'est pas que vaine rhétorique, sa réflexion a émergé alors que des institutions commençaient à s'écrouler, il les définissait alors comme des autorités, au sens où elles permettent un but, un chemin à parcourir. Ces autorités ne questionnaient plus le présent, ne permettaient plus à des individus nouveaux de le réinventer.
C'est pourquoi la pensée de Certeau s'est alors attachée à comprendre pourquoi ces autorités sont par essence tournées vers le passé et tendent à se conserver ?
[...] Ainsi la culture qui se définit comme un style de vie recoupe la définition de Certeau pour qui elle peut se définir comme l'image, la compréhension du monde, qui permet d'organiser l'expérience du monde suivant des idées. Ensuite on pourrait regrouper les deux premières définitions que propose Certeau p 167, à savoir, les traits de l'homme cultivé qui impose des normes en pouvoir, et la culture comme un patrimoine d'œuvres à défendre. Cette définition se rapproche de la notion de culture comme comportement déclaratif chez Passeron. [...]
[...] Après avoir fait un bref résumé de la pensée de Certeau qui est élaborée dans ce livre, nous essaierons d'analyser de manière approfondie les passages du livre qui nous semblent les plus importants. Dans le premier chapitre, Michel de Certeau fait donc le constat implacable d'une société qui ne permet plus à tous les possibles d'émerger, une société dont la communication se fait à sens unique. Au lendemain de Mai 68, une partie de la population a exprimé ce qu'elle ne pouvait plus refouler, une non adhésion à cette société. Cette société ne permet plus alors à une grande part de ses citoyens que de s'exprimer de manière éruptive. [...]
[...] On retrouve ici la racine de notre problème : la culture populaire ne se saisit que sur le mode de la disparition, parce que notre savoir nous impose, quoi que nous en ayons, de ne plus l'entendre et de ne plus savoir en parler p63. Le problème de ce regard est qu'il s'interdit de replacer ces activités dans un contexte socio-politique qui redonnerait la dynamique de leurs mouvements. Ainsi le savoir ne fait que poser un regard sur ce qui fait l'éloge des valeurs du passé. Une des difficultés essentielle de ce regard porté sur l'autre est en somme qu'il invente ses objets, qu'il les façonne pour leur donner une visée cohérente, homogène, qui va dans un sens privilégié. [...]
[...] On pourrait penser à partir d'une première lecture, que le travail de Michel de Certeau à travers cet ouvrage qu'est La culture au pluriel, est daté, lié à une époque révolue. Mais au final, on se rend compte qu'il permet de repenser des faits présents de manière beaucoup plus incisive. Certes son langage qui manie et fait s'entrecroiser des savoirs qui vont de la philosophie à l'histoire en passant par la psychologie peut paraître obscur, et sembler ne proposer aucune solution concrète. [...]
[...] Celle-ci est utilisée au rang de folklore comme un outil de cohésion sociale qui restaure des valeurs d'antan, jugées véritables, naturelles. Ces études sur la culture populaire se donnent pour objet leur propre origine c'est à dire qu'elles tendent à essayer de constituer un schéma qui verrait la culture populaire être l'enfance d'une culture savante. Les thèmes de cette culture populaire ne seraient que des prémices à l'état brut d'une culture savante. Ce schéma tend donc à imposer une hiérarchie là où il n'y aurait aucun lien qui puisse relier deux cultures, là où des cultures sont autonomes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture