L'Ecume des jours présente une satire parfois féroce de tout ce qui peut nuire au bonheur et à l'épanouissement individuel (« ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est le bonheur de chacun » déclare Colin). Ainsi, nombreuses sont les institutions soumises à la critique de Vian dans son œuvre.
Tous les personnages affirment ainsi leur hostilité au travail dans le roman. Le chapitre XXV est entièrement consacré à ce thème : « ce n'est pas tellement bien de travailler » déclare Chloé, puis Chick : « en général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. » Cet avis est repris plus tard dans les propos du professeur Mangemanche et de Chick : « le travail est une chose infecte » dit le docteur à Colin, puis Chick à son employeur : « je ne tiens pas à travailler. Je n'aime pas ça ». De fait, le travail est présenté très négativement dans le roman, à commencer par le travail mécanique et impersonnel de l'industrie.
[...] Sa chanson Le Déserteur suscitera la colère des anciens combattants. La violence de l'Etat est également critiquée, par le biais des fliques portant sur eux toute une panoplie guerrière. Ce sont des gardiens de l'ordre qui soumettent l'individu aux contraintes sociales, en l'occurrence l'impôt. Vian, par la voix de Chick, exprime clairement son refus des règles communes : c'est un cercle vicieux à briser, que personne n'en paie plus pendant assez longtemps et les fonctionnaires mourront tous de consomption et la guerre n'existera plus Les Douglas de plus sont bêtes et incultes, ils répriment le savoir car il menace l'ordre social ; garante de l'ordre mais sans aucun respect des droits de l'homme, la police se présente chez Chick et le tue avec une rare violence, détruisant et piétinant aussi ses livres. [...]
[...] Chick a beau être ingénieur, sa responsabilité se limite à la surveillance du bon fonctionnement des machines, il est un rouage impersonnel d'une gigantesque administration. Ces conditions de travail conduisent à la déshumanisation des travailleurs : c'est horrible, [ ] ça rabaisse l'homme au rang de machine dit Colin. L'homme est aliéné au travail, il perd sa nature humaine. On pense à la bête écailleuse hideuse qui effraie Chloé lors de la traversée des mines de cuivre pendant le voyage de noces, ouvrier transformé par sa tenue de travail ; n'aie pas peur, ma Chloé, c'était juste un homme la rassure Colin. [...]
[...] Ainsi, nombreuses sont les institutions soumises à la critique de Vian dans son œuvre. La critique du travail, de la bureaucratie à la production industrielle Tous les personnages affirment leur hostilité au travail dans le roman. Le chapitre XXV est entièrement consacré à ce thème : ce n'est pas tellement bien de travailler déclare Chloé, puis Chick : en général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. Cet avis est repris plus tard dans les propos du professeur Mangemanche et de Chick : le travail est une chose infecte dit le docteur à Colin, puis Chick à son employeur : je ne tiens pas à travailler. [...]
[...] Ainsi, dans l'Ecume des jours, deux passages en présentent une satire virulente. Tout d'abord par la manière dont l'industrie guerrière affecte les civils, et requiert la force vive des hommes de vingt à trente ans chargés de préparer la défense du pays On pense à l'ancien ouvrier de 29 ans paraissant un vieillard sous l'épuisement de la fabrication de fusils. Colin, impropre à ce travail, finira par faire pousser au bout de son fusil une rose de métal blanche, dont la blessure qu'elle lui infligera indique la réalité violente de la guerre. [...]
[...] Ayant perdu toute humanité, les travailleurs meurent dans l'indifférence la plus totale, comme dans l'usine de Chick. Le travail est le lieu de la tyrannie, c'est un monde où tout être humain est victime d'un autre, comme dans la première usine que Colin visite au chapitre XLIV. Cette description du travail industriel évoque Les Temps modernes de Charlie Chaplin, mais le cinéaste allège sa description par le comique, tandis que Vian laisse la plus grande part à la négativité du monde du travail. [...]
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