Dans cette étude, je me propose d'attirer l'attention sur Andrei Makine, écrivain contemporain français d'origine russe, qui traitera à travers son oeuvre de la situation de la Russie natale et de la communauté russe.
Inspiré d'une anecdote, son cinquième roman, Le crime d'Olga Arbelina, met en scène apparemment le développement d'une enquête.
Une journée de juillet 1947, les habitants de Villiers-la-Forêt découvrent presque nue, mais encore vivante, Olga, une femme de quarante-sept ans à côté d'un homme mort, Serge Goletz, ancien officier de l'Armée blanche, sur les berges d'une rivière.
En fait, Le crime d'Olga Arbelina, est, au-delà du titre trompeur, le récit de plusieurs crimes. Le crime historique fondateur de l'URSS, la Révolution bolchevique aux moyens et aux fins pervertis, le viol de la princesse Olga Arbélina, la relation incestueuse avec son fils, le meurtre du « médecin parmi nous », qui espérait la forcer à une rencontre charnelle. Au fil de la lecture, un autre crime est commis, cette fois-ci par le lecteur, qui souille, par son regard, son voyeurisme, le bonheur filial immoral.
[...] Qu'en est-il de son amant parisien, un journaliste connu et marié, qu'Olga voyait régulièrement ? Ménage à trois ? Mais l'enquête conclut à un accident et prononce un non-lieu. La nuit tombe et le gardien fait entrer dans sa maison l'écrivain russe, et continue son récit en remontant au 25 août 1946, date à laquelle Olga se fait avorter clandestinement chez Li, une amie d'enfance établie à Paris. De retour chez elle, Olga reprend ses activités quotidiennes, la vie paisible qu'elle partage avec son enfant malade déjà adolescent, tout en se remémorant son passé : son époux qui l'a quittée lorsque leur enfant n'avait que six ans, son enfance à Ostrov dans la maison nobiliaire où se donnaient des bals costumés, l'interminable révolution bolchevique, son exil, son arrivée à Paris en 1922, la naissance de son fils en 1932, son installation au sein de la communauté russe vieillissante et atone comme un matin de neige. [...]
[...] Olga est reconnue tout de suite. Réfugiée de la révolution d'octobre, et abandonnée par son mari, Olga s'est installée, avec son enfant hémophile, dans cette ville de province où elle devient bibliothécaire. Son logement était une maison isolée, à l'arrière d'une ancienne fabrique de bière transformée en appartements pour les réfugiés russes. Cette histoire provoquera une agitation considérable parmi les villierois. Dès lors, «Tout le monde à Villiers-la-Forêt durant ces mois s'improvisa conteur et détective[10]». Olga et Goletz ne se fréquentaient guère, à la connaissance des autochtones : comment expliquer leur promenade en barque et le chavirement ? [...]
[...] Au fil de la lecture, un autre crime est commis, cette fois-ci par le lecteur, qui souille, par son regard, son voyeurisme, le bonheur filial immoral. Le titre donné par Andreï Makine à son roman suit la théorie énoncée par Umberto Eco dans l' Apostille au Nom de la Rose[11] selon laquelle l'auteur ne doit pas suggérer par le titre de son ouvrage le thème, mais plutôt faire le lecteur à s'interroger, à chercher lui-même les sens possiblesde l'oeuvre. Andreï Makine est une figure à part dans la littérature française contemporaine car, bien qu'il écrive en français, il reste, pourtant, un romancier profondément russe. [...]
[...] Ses œuvres captivent le lecteur par une intrigue bien charpentée, sa narration l'enchante par son lyrisme et sa tonalité nostalgique, ses jugements l'attirent par leur originalité et la connaissance profonde de l'histoire et de la littérature russes. [1]Murielle Lucie Clément, L'Entre-deux-mondes chez Andreï Makine, http://www.lavielitteraire.fr/index.php/dossiers/dossier-makine/lentre-deux- mondes Ibid. Id [4]Ibid Écrivains franco-russes, Faux Titre Ibid. Andreï Makine, Le crime d'Olga Arbélina[7] Paris, Mercure de France, collection Folio Emmanuelle Occelli : Programmation et représentation dans la fabula du désir du lecteur http://revel.unice.fr/cnarra/index.html?id=14#bodyftn9 Ibid.,pag 23. Id., pag 17. Id., pag 39. Umberto Eco dans l' Apostille au Nom de la Rose, Paris,Grasset . [...]
[...] Le titre choisi par l'auteur trompe le lecteur car Le Crime d'Olga Arbélina est un roman policier au sens traditionnel du mot qui suit le développement d'une enquête. Le crime d'Olga n'est pas d'avoir tué Goletz, mais la relation incestueuse entretenue malgré elle au commencement puis consentie avec son propre fils. En vérité, Le Crime d'Olga Arbélina est le récit de plusieurs crimes. Le crime historique fondateur de l'URSS, la Révolution bolchevique aux moyens et aux fins pervertis, le viol de la princesse Olga Arbélina, la relation incestueuse avec son fils, le meurtre du médecin parmi nous qui espérait la forcer à une rencontre charnelle. [...]
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