Le Corbusier : le nom claque comme une bannière dans le vent au panthéon des architectes du XXe siècle. Est-il ou non le plus grand, comme d'aucuns se plaisent à la dire ? Le plus populaire ? Le plus impopulaire ? Quelle importance ! Sa notoriété le place indubitablement au sommet. Comme de nombreux artistes, et sans doute plus fortement que beaucoup d'entre eux, Le Corbusier est controversé. L'un des plus admirés, il est l'un des plus critiqués aussi, souvent à tort, c'est-à-dire moins pour son oeuvre que pour son influence historique prédominante sur l'architecture de son époque.
[...] Tout de même, il donne un coup de pouce à l'Unité d'habitation qu'il fait classer au rang des chantiers expérimentaux, permettant ainsi à son architecte de passer outre les règlements en vigueur pour ce type de bâtiment. Claudius-Petit consulte très tôt Le Corbusier sur son projet de Firminy- Vert. Mais en bon tacticien, il n'avance pas trop tôt, en revanche, le nom de son cher architecte. Ce dernier a développé une réputation d'agressivité architecturale qui ne lui donne pas forcément une image très bonne ni très juste parmi la population. Associer dès le départ son nom au projet serait risquer un rejet massif et définitif. [...]
[...] Mais l'intérêt de Le Corbusier pour l'urbanisme n'a à l'évidence pas attendu les années 1930. C'est en effet dès 1915 qu'il travaille, dans le sillage de Tony Garnier, à des projets de réaménagement de la ville. Il fait en quelque sorte son apprentissage en la matière. En 1922, le voilà mûr : son premier plan, La Ville contemporaine de trois millions d'habitants, pose d'ores et déjà les axes principaux de sa réflexion sur le sujet, orientant et inspirant ses projets ultérieurs. [...]
[...] Dans la proposition définitive qui est rendue en septembre 1956, c'est cette solution qui est adoptée, précisée par les travaux de l'Atelier de la rue de Sèvres qui suivent l'esprit des croquis de l'architecte pour les transformer en plans aboutis. Mais bien qu'il reconnaisse tout à fait la pertinence et l'originalité du projet, Eugène Claudius-Petit reste dubitatif devant la complexité d'un bâtiment imbriquant les deux fonctions citées plus haut. En effet, les lois de l'administration française sont plus fortes que le réalisme architectural. Les deux ministères concernés, celui des Sports et celui de la Culture, ne peuvent pas légitimement gérer de conserve un bâtiment mixte. [...]
[...] Le dynamisme de l'association qui gère la maison, présidée par Claudius-Petit, ne manque certes pas. Mais les travaux ne sont pas encore terminés, la population ne vient pas assez nombreuse et les recettes ne couvrent que le quart des dépenses. Certains appelous trouvent assez vite le chemin de cette nouvelle structure, mais le caractère généreux des prestations offertes rend la gestion budgétaire difficile. En 1967, le budget de 260.000 francs est équilibré grâce à deux subventions de 120.000 francs chacune, de l'Etat et des collectivités locales. [...]
[...] Le point de discorde en revanche le plus flagrant, comme pouvait le laisser présager le courrier de l'abbé, est bien sûr le budget prévisionnel des travaux, qui atteint le double de l'enveloppe souhaitée par les instances religieuses, soit 130 millions d'anciens francs. Le Corbusier, devant le front courtois qui lui est opposé, travaille donc à réduire les coûts entre octobre 1961 et juin 1962. Il ramène la coque à 33 mètres et la matrice passe à 25,5 x 25,5 mètres. [...]
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