L'écrivain Charles Perrault (1628-1703) est de nos jours principalement renommé pour ses Contes, publiés dans la version que nous connaissons en 1697. Pourtant, ces contes ne sont pas de son invention. Ils sont inspirés d'œuvres littéraires antérieures, de la tradition, du folklore populaire remontant au Moyen-âge. Ces thèmes médiévaux ont été plus ou moins adaptés suivant les mœurs et l'esthétique de l'époque par Perrault. Or l'esthétique dominante au XVIIe siècle est l'esthétique classique qui recherche la raison, la clarté, l'ordre, la concision, et qui se fait le chantre de la bienséance. Perrault actualise donc les thèmes médiévaux qui l'ont inspiré, afin de les concilier avec cette esthétique et avec son époque en général. On peut dès lors noter une certaine atténuation du merveilleux par rapport aux versions d'origine. Mais ces thèmes sont également réécrits suivant la personnalité de Perrault, sa définition propre du classicisme, du merveilleux et du conte…
[...] Le souci de concision de Perrault se marque également dans son style, clair et précis. Si Montaigne ne cessait de compléter et rallonger ses textes, les changements introduits par Perrault entre la version des Contes de 1695 parue au Mercure de France et celle de 1697 vont toujours vers la simplification. L'auteur veut éviter la monotonie : il ne décrit pas en détail les trois bals traditionnels dans Cendrillon, seul le premier a droit à un traitement complet. Perrault utilise également des effets savants, mais qui paraissent naturels. [...]
[...] C'est pourquoi Perrault fait porter des couronnes, reconnaissables au toucher, aux petites ogresses. Enfin, pour montrer la logique de ce qu'il raconte, Perrault n'hésite pas à employer des parenthèses explicatives. C'est le cas dans Les Fées : La bonne femme, ayant bu, lui dit : Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don (car c'était une Fée qui avait pris la forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille). [...]
[...] Ainsi le théâtre ne devait-il pas montrer de violence ou de sang sur scène. Ce trait est important dans l'adaptation de Perrault, car le Moyen-Age est beaucoup moins pudique (pudibond que le siècle classique. Aussi l'auteur doit-il adapter ses sources afin en premier lieu d'éviter la violence. L'exemple le plus flagrant est ici Peau-d'Ane : dans des versions plus anciennes où un père veut épouser sa fille, les moyens qu'utilise celle-ci pour l'en dissuader sont bien plus radicaux que chez Perrault. [...]
[...] C'est ce qui est souligné dans les moralités du conte de Cendrillon : AUTRE MORALITE : C'est sans doute un grand avantage, D'avoir de l'esprit, du courage, De la naissance, du bon sens, Et d'autres semblables talents, Qu'on reçoit du Ciel en partage ; Mais vous aurez beau les avoir, Pour votre avancement ce seront choses vaines, Si vous n'avez, pour les faire valoir, Ou des parrains ou des marraines. Le motif médiéval de la fée-marraine est dès lors détourné dans un sens chrétien. D'autres détails vont dans le sens de cette christianisation : dans certains contes, l'héroïne est pieuse. [...]
[...] Ces thèmes sont peu présents chez Perrault. On ne trouve qu'une allusion rapide aux dragons dans La Belle au Bois dormant : La Fée partit aussitôt, et on la vit au bout d'une heure arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. Ces dragons ne sont pas décrits et ne font pas peur, puisqu'ils sont domestiqués par la fée qui a sauvé la vie de la Belle au Bois dormant. En revanche, ce n'est pas le cas des trois ogres présentés dans les Contes. [...]
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