En juin 1762, l'Émile est condamné à Paris et à Genève par les autorités civiles et religieuses. Rousseau doit fuir vers la principauté de Neuchâtel. Il est bouleversé par ce qu'il considère comme une persécution, persuadé qu'il est incompris et qu'il doit se justifier, en particulier à la suite de la publication du pamphlet de Voltaire. Il décide donc de rédiger ses confessions pour permettre au lecteur de juger par lui-même.
Le Livre I des Confessions rapporte plusieurs épisodes au cours desquels Rousseau enfant s'est trouvé en situation difficile face aux adultes sans que sa responsabilité soit réellement engagée. Dans l'épisode des peignes brisés, il est accusé du forfait ; lui se prétend innocent de ce « crime ».
[...] Pour lui, les adultes ont l'autorité et le pouvoir ; qui plus est, ils s'allient pour augmenter leurs forces : ils se réunissent (l.4) et on écrivit à mon oncle Bernard (l.9). Ces adultes commettent une injustice terrible (l.25) alors que l'enfant clame son innocence. Ils sont incapables d'écouter l'enfant : son insistance à nier sa culpabilité les amène à dire qu'il a de l'audace à mentir (l.7). Les adultes ne se remettent pas en question ; ils ont des à priori et ils s'y tiennent. Rousseau ne condamne pas le châtiment corporel en lui-même, il le condamne parce qu'il ne le méritait pas. [...]
[...] Ce que Rousseau dénonce ici n'est pas le fait d'avoir été puni pour quelque chose qui n'en valait pas la peine, mais d'avoir subi un châtiment qu'il ne méritait pas, car il était innocent. II- L'analyse du narrateur adulte le décalage temporel Rousseau utilise le passé dans sa première partie, puisqu'il raconte les évènements qu'il a vécus ; puis il emploie le présent, car c'est le Rousseau adulte qui ponctue son récit de commentaires et analyse dans une deuxième partie les faits. Le décalage temporel est calculé : il y a maintenant près de cinquante ans (l.17). [...]
[...] leur dramatisation Rousseau s'applique à mettre en avant la violence des comportements adultes. Il emploie en effet la gradation m'exhortent, me pressent, me menacent (l.5) ; le présent de narration permet quant à lui d'actualiser l'action. Rousseau choisit également un vocabulaire qui dramatise : terrible (l.11), affreux (l.13), précédé du superlatif le plus et cruelle (l.16). Il utilise également le conditionnel dans la phrase j'aurais souffert la mort (l.14) et le mot force (l.14). Le terme en pièces (l.16) décrit l'état dans lequel il se trouvait. [...]
[...] Conclusion L'épisode du peigne brisé est très représentatif de la manière de procéder et de l'écriture de Rousseau : un récit mené avec vivacité mettant l'enfant en situation suivit d'une analyse de l'adulte. Cet épisode montre ce que le narrateur semble attendre de ses confessions : une mise en cause de ceux qui, par des comportements irréfléchis et injustes, ont contribué à la formation de sa personnalité. Il y a là une analyse psychologique de l'enfance tout à fait moderne et nouvelle pour l'époque. [...]
[...] Rousseau fait ici une analyse moderne d'un enfant qui perd ses repères et du choc engendré par un tel événement. Enfin, Rousseau adulte analyse ce qu'il a ressenti à l'époque. L'enfant qu'il était n'était pas capable de comprendre ce qui se passait en lui, mais Rousseau adulte peut le faire. La souffrance est due au traumatisme et non pas à la douleur physique : je ne sentais que l'indignation, la rage, le désespoir (l.33). Cet épisode lui permet d'analyser l'éducation des enfants en général. [...]
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