En 1765, Jean-Jacques Rousseau débute la rédaction de sa plus grande œuvre: Les Confessions. Il se décide à faire cette œuvre pour répondre aux attaques incessantes qui lui sont faites. En effet, ses œuvres sont contestées et interdites, il est menacé de prise de corps à cause de L'Emile ou de l'Education, un pamphlet anonyme, qui s'avéra être l'œuvre de Voltaire, le critique vivement… En 1770, son œuvre est terminée et il fait quelques lectures publiques, rapidement censurées. Pourtant, publié à titre posthume, cet ouvrage connaît un immense succès. Nous observerons ici l'introduction du Livre Premier. Ce préambule permet à l'auteur de faire un pacte autobiographique avec son lecteur, et nous étudierons comment ce pacte est présenté. Dans cet incipit du premier livre des Confessions, le narrateur annonce les destinataires de son œuvre. Nous verrons finalement dans quelles mesures Jean-Jacques Rousseau revendique ici que son travail est "un ouvrage unique et utile, lequel peut servir de première pièce de comparaison pour l'étude des hommes".
[...] On remarque l'obsession de Jean- Jacques Rousseau pour la transparence: on relève de nombreuses antithèses, comme par exemple celle entre le bien et le mal à la ligne ou celle entre le vrai et le faux à la ligne 11, qui révèlent la duplicité des facettes de l'auteur. Le mot "vérité" placé dans la seconde phrase, qui expose le but de Jean-Jacques Rousseau, contribue à nous confirmer l'intention de dire la vérité de l'auteur. Le mot "tout" garantit l'abandon de Jean-Jacques Rousseau à la sincérité. [...]
[...] Il n'y a jamais de précision sur le destinataire humain, car c'est l'humanité entière qui est concernée. Comme dans toute autobiographie, l'auteur dialogue implicitement avec son lecteur. Ici, il désire surtout se justifier. En effet, il ne faut pas oublier que Jean-Jacques Rousseau a été poussé à rédiger sa vie pour répondre au libelle de Voltaire, Le Sentiment des Citoyens. C'est pour se défendre contre la malveillance des hommes que Jean-Jacques Rousseau fait appel à la justice divine. Et ce n'est pas seulement la raison qui importe, mais aussi les sentiments du cœur. [...]
[...] On peut peut- être justifier cette exposition de la religion par le fait que Jean-Jacques Rousseau a été baigné dans une ambiance biblique dans sa jeunesse. On peut aussi supposer que ce prélude à connotation religieuse invite un lecteur de l'époque à poursuivre lire l'œuvre entière, et non à être dès le premier instant choqué. Jean-Jacques Rousseau ne veut pas être jugé selon les apparences, et c'est dans un désir d'authenticité qu'il trouve en Dieu un médiateur, un témoin de sa sincérité, devant lequel il se montre nu, "dans toute la vérité de la nature". [...]
[...] Nous reconnaissons déjà un des fondements de la psychologie de Jean-Jacques Rousseau: il est persuadé que la société dénature et pervertit l'homme, c'est pourquoi il veut se montrer "dans toute la vérité de la nature" (l.2). Nous pouvons néanmoins relever les difficultés imposées à ce genre de projet et ses limites. L'auteur même a conscience de la difficulté de son entreprise. Nous l'observons par la présence du champ lexical du mal: "J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. [...]
[...] Dès la première phrase, on remarque à l'aide des temps verbaux qu'il se compare au passé et au futur. Même qu'il n'est pas sûr du succès de son œuvre, il insiste sur le caractère unique de ses Confessions. Il fait des parallélismes à la ligne 1 entre "l'entreprise" et son "exécution" et entre "exemple" et "imitateur". Les propositions minimales, telles que "moi seul" (l.3) suggèrent d'autant plus sa singularité. Il est sûr de lui, et donne, dans le troisième paragraphe, même des ordres à Dieu. [...]
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