Compte-rendu d'Andromaque, Jean Racine, fiche de lecture, tragédie antique, Oreste, psychologie des personnages, Pyrrhus, Astyanax, idéal classique, catharsis, passion racinienne
Racine écrit Andromaque en 1667, sous le règne de Louis XIV. Cette pièce connait alors un triomphe, marquant le début d'une gloire et d'un triomphe qui se poursuivra jusqu'à sa mort. Respectant les règles tragiques, Racine s'inspire d'auteurs antiques, notamment de l'Enéide de Virgile et de l'Andromaque d'Euripide. Ainsi, on pourrait résumer l'intrigue d'Andromaque avec cette phrase : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort. Ou encore, comme le dit Roland Barthes : A a tout pouvoir sur A aime B qui ne l'aime pas. Cependant, cela serait quelque peu simpliste et réducteur de décrire la pièce de cette façon. Tout d'abord, Voltaire affirmait qu'il y a "manifestement deux intrigues dans l'Andromaque de Racine, celle d'Hermione aimée d'Oreste et dédaignée par Pyrrhus, celle d'Andromaque qui voudrait sauver son fils et être fidèle aux mânes d'Hector".
Ainsi l'intrigue d'Andromaque repose évidemment sur un schéma d'amours contrariés, mais elle dispose également d'un enjeu politique autour du personnage d'Astyanax. De plus, l'intérêt du spectateur ne repose pas tant sur l'action que sur la mise en scène des émotions humaines. En effet, Racine met en scène à travers Andromaque un huis clos étouffant, qui participe à la montée des passions jusqu'à leur paroxysme. La pièce présente aussi un intérêt au niveau de la psychologie des personnages. Ceux-ci nous apparaissent comme appartenant à une catégorie supérieure, nous sommes impressionnés par la dignité d'Andromaque alors même qu'elle est retenue prisonnière, et pourtant les personnages nous touchent profondément, car ils possèdent malgré tout des caractéristiques profondément humaines.
[...] Tant qu'elle reste au rang de simples mots, elle n'existe qu'en théorie, c'est l'âme du lecteur/spectateur permet de faire vivre l'œuvre. [...]
[...] Tout d'abord les héros peuvent être poursuivis par une malédiction divine et ensuite ils peuvent être soumis à la fatalité de leur propre caractère et ainsi que de leurs passions. On peut retrouver dans Andromaque, cette idée de malédiction familiale. En effet Oreste est l'héritier des Atrides sur lesquels pèse une malédiction familiale. Cette famille est maudite par les dieux, car le grand-père d'Atrée, Tantale, fils de Zeus, fit manger à ceux-ci le corps de son fils Pélops. Le destin des Atrides fut marqué par le meurtre, le parricide, l'infanticide et l'inceste. [...]
[...] En effet la musicalité des vers, fait que ses pièces disposent d'une dimension poétique inimitable. De plus, une pièce de théâtre a pour vocation d'être jouée sur scène. Ainsi l'œuvre de Racine continue de vivre, de perdurer à travers le temps, grâce au fait que ses pièces sont encore jouées de nos jours. Or comme le dit Daniel Mesguich, texte est toujours plus grand d'avoir été travaillé, déplacé, contaminé, réévalué par un metteur en scène ». En effet, le metteur en scène ajoute sa sensibilité, sa touche personnelle à la pièce, ce qui permet d'enrichir l'œuvre et son histoire. [...]
[...] Les personnages Les personnages possèdent une réelle profondeur psychologique dans cette tragédie racinienne. De grandes qualités sociales, ils apparaissent cependant chacun avec des failles, ne présentant donc pas la perfection qu'exige leur rang, ce qui permet de les ramener à une dimension profondément humaine. Pyrrhus un héros ambivalent Pyrrhus est le fils d'Achille, il est déchiré entre le devoir de faire honneur à son rang et ses sentiments pour Andromaque ; entre sa raison qui le pousse à accéder aux désirs des Grecs (ses alliés) au sujet d'Astyanax et son cœur qui le pousse à sauver Astyanax pour plaire à Andromaque, la mère de ce dernier. [...]
[...] Si au début Hermione, paraît être un personnage odieux, qui ne vit que pour la gloire, méprisant les plus faibles qu'elle, et se servant des autres uniquement dans son propre intérêt, on se rend ensuite compte, qu'elle agit ainsi afin de masquer une blessure plus profonde, causée par le manque de considération total de Pyrrhus, ce qui l'amène à reproduire cela sur Oreste. Cela est certes puéril et égoïste (souhaiter voir les autres autant souffrir que l'on souffre), mais c'est aussi terriblement humain. Hermione : le double féminin de Pyrrhus ? On pourrait effectuer un parallèle entre Hermione et Pyrrhus. En effet, Pyrrhus se sert d'Hermione tout comme elle se sert d'Oreste pour parvenir à ses fins. Hermione est donc un peu le double féminin de Pyrrhus. [...]
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