« Quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint (…) ce qui ne signifie pas autre chose sinon qu'on le forcera à être libre » écrit Jean Jacques Rousseau dans Du contrat social. La formule est paradoxale et sera violemment contestée par qui ne voit dans la règle et dans toute loi qu'une contrainte insupportable car nécessairement arbitraire – ce qu'elle peut être au demeurant – ou privilégie la spontanéité, l'expression sans entrave de la « personnalité », du bon vouloir. Un siècle avant Rousseau, Spinoza dans le chapitre XVI du Traité théologico-politique examine cette prétendue contradiction et pose les principes qui doivent constituer la base d'une organisation nécessaire des rapports entre les hommes, la problématise de telle sorte que la liberté n'est rendue possible que par le respect d'une loi fondée sur la Raison, il répond ainsi à la question : « peut-on concilier obéissance et liberté ? ».
[...] Nous nous croyons libres parce que nous ne rencontrons pas d'obstacles, parce que momentanément nous sommes ou croyons être les plus forts. Il n'en demeure pas moins que dans bien des cas nous ignorons les causes déterminent nos actions. Cette prétendue liberté n'est qu'illusion car mus par des passions que nous ne contrôlons pas, nous pâtissons plus que nous agissons. La passion n'est-elle pas d'un point de vue étymologique le fait de subir ? N'est-elle pas dans certaines acceptions synonymes de souffrance ? [...]
[...] Il y a négation de la liberté esclavage quand l'obéissance n'a pour but que d'assouvir les intérêts particuliers d'un ou plusieurs individus qui sont dès lors des maîtres qui peuvent susciter chez nous de mauvaises raisons d'agir. Une telle entreprise peut aller jusqu'à nous porter à croire que leurs intérêts sont aussi les nôtres. S'ils réussissent, le maître n'a plus à s'inquiéter, sa domination sera assurée. Seule la Raison nous permet de forger une représentation adéquate de notre intérêt indissociable de l'intérêt général. [...]
[...] Les références à l'état de nature et au droit naturel droit que tous les hommes partagent en raison de leur nature commune seront l'un des piliers théoriques de la revendication des droits de l'homme : des éléments essentiels dans la lutte contre les systèmes politiques arbitraires. [...]
[...] Seul, il peut substituer aux maîtres potentiels l'autorité de la loi et Jacques Rousseau dans ses Lettres écrites de la montagne (Lettre VII). Obéir à la Raison et à elle seule. Spinoza précisera dans l'Ethique IV, Proposition LXXIII que l'homme qui est conduit par la Raison est plus libre dans l'Etat où il vit selon le décret commun que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même. Conclusion En conclusion, il est manifeste que ces quelques lignes promeuvent un modèle d'organisation porteur des valeurs démocratiques qui seront celles du siècle des Lumières. [...]
[...] Commentaire : Traité théologico-politique, Spinoza Introduction Quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint ( ) ce qui ne signifie pas autre chose sinon qu'on le forcera à être libre écrit Jean Jacques Rousseau dans Du contrat social. La formule est paradoxale et sera violemment contestée par qui ne voit dans la règle et dans toute loi qu'une contrainte insupportable car nécessairement arbitraire ce qu'elle peut être au demeurant ou privilégie la spontanéité, l'expression sans entrave de la personnalité du bon vouloir. [...]
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