“Le temps claque au mât” ou la métaphore du moment qui oscille, tremblant entre passé et futur (soit des vents contraires). Cette phrase est extraite du passage que nous allons étudier et qui se présente lui-même comme une pause dans la narration. Il intervient après la visite de Peter Walsh à Mrs Dalloway, son amour de jeunesse. Peter erre alors dans les rues de Londres et se laisse aller à diverses réflexions dont nous avons connaissance. De fait, un narrateur omniscient prend en charge le récit tout en laissant les pensées de Peter jaillir sans sa médiation organisatrice. Nous sommes alors plongés dans la conscience du personnage durant un instant qui s'étale néanmoins sur deux pages, à la manière du roman qui relate en deux cent pages le récit d'une seule journée.
Quand se rencontrent le temps objectif, matérialisé par le tintement des cloches, qui progresse inéluctablement et le temps relatif de la conscience qui jongle entre les différentes dimensions de la mémoire et du présent, comment saisir l'instant ? D'ailleurs, est-ce bien l'objet de la méditation intense à laquelle s'adonne Peter Walsh ?
[...] Une vie de gloire, de richesse, de mondanités ? Et à ce niveau-là, Peter a l'impression d'être un raté ; ou s'agit-il d'une vie d'épanouissement personnel rendant alors l'existence de Clarissa complètement vaine vu qu'elle n'évolue que dans l'ombre de son mari ? D'autre part, Peter intériorise le son de cloche et le mêle à ses réflexions : le son devient languissant et lui évoque la maladie de Clarissa et de fait lui rappelle qu'elle est mortelle, d'où le glas de la mort final. [...]
[...] En conclusion, cet extrait de Mrs Dalloway met au jour les enjeux majeurs du roman et se pose résolument du côté de la réflexion métaphysique. Il révèle que l'instant se saisit dans la synthèse de la durée intérieure, c'est-à-dire dans une prise de conscience de l'aspect éternel du moment. Mais en même temps, cette prise de conscience est celle de la mort et de la finitude de l'être humain et convoque d'autres angoisses liées au temps qui passe et à la vieillesse. [...]
[...] Commentaire Mrs Dalloway, Virginia WOOLF, pp. 65-67 temps claque au mât” ou la métaphore du moment qui oscille, tremblant entre passé et futur (soit des vents contraires). Cette phrase est extraite du passage que nous allons étudier et qui se présente lui-même comme une pause dans la narration. Il intervient après la visite de Peter Walsh à Mrs Dalloway, son amour de jeunesse. Peter erre alors dans les rues de Londres et se laisse aller à diverses réflexions dont nous avons connaissance. [...]
[...] D'ailleurs, est-ce bien l'objet de la méditation intense à laquelle s'adonne Peter Walsh ? Ce passage est en premier lieu le récit de l'immersion dans une conscience. Mais il est aussi question de saisir l'instant et de comprendre sa portée. En dernier lieu, cette méditation se révèle propice au questionnement métaphysique. L'épisode est imprégné du principe du flux de conscience : même si un narrateur existe et anime pour nous les personnages, nous nous retrouvons immergés dans l'intériorité de Peter et découvrons l'enchaînement de ses pensées les plus intimes. [...]
[...] Clarissa est à tout point de vue une obsession pour Peter. À tel point qu'il considère ses propres actions à travers le regard glacial de celle-ci, d'où rétrospectivement son sentiment de honte et d'embarras quant à sa visite et à ses pleurs qui ont dû l'importuner. Mrs Dalloway est l'élément qui lie les différentes dimensions de la conscience de Peter : elle appartient à son passé, à son présent et bientôt à son futur (la réception), elle devient alors plus qu'une obsession un principe unifiant de la conscience. [...]
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