Le présent passage se situe au dixième chapitre des Essais III de Montaigne intitulé De ménager sa volonté. Il prolonge en quelque sorte le neuvième chapitre De la volonté qui s'interrogeait sur la condition humaine. Montaigne expose ici les contraintes et les limites du moi public, celui de la société qui doit se soumettre au moi privé afin de conserver sa liberté. Dans l'extrait proposé, Montaigne évoque la nécessité de l'authenticité personnelle dans un monde fait de théâtre surtout dans l'exercice d'une fonction, d'une profession.
[...] Il appelle à la vigilance et la modération comme l'annonce le titre De ménager sa volonté qui met en garde contre le danger de la dépossession du Moi. L'empereur donc l'homme doit avoir un raisonnement juste sur lui-même son empire [ ] et le voir et considérer, comme accident estranger. accident étranger est au sens philosophique. L'accident s'oppose à la substance, à l'essence il s'agit de quelque chose de passager, d'hasardeux. C'est une formule stoïcienne. Le stoïcisme repose sur le principe que le bien ne réside pas à l'extérieur mais dans l'état de l'âme de la sagesse. [...]
[...] Il s'attaque à tous les domaines de la vie publique et sociale, il montre les limites et le ridicule des différentes professions qui engendrent une quête de pouvoir ainsi que des conflits d'opinions. Les hommes n'accomplissent pas une tache pour son utilité mais pour l'importance qu'ils peuvent en tirer. L'exercice d'un pouvoir leur donne l'illusion d'exister, leur confère un semblant de personnalité. Montaigne refuse cette attitude, il souhaite que l'homme essaie de se connaître et s'efforce de garder l'authenticité de sa personnalité, qu'il sache conserver sa liberté. [...]
[...] Leur commission sont les changes, les professions. Montaigne montre, ici que les hommes ne reconnaissent même pas si les saluts qu'on leur fait se dirigent pour eux en tant qu'hommes ou par rapport à ce qu'ils représentent dans la société. Leur mule est un terme péjoratif marquant la bêtise qui sera repris chez La Fontaine dans le seizième fable du livre V L'âne portant des reliques dans laquelle le fablier critique les magistrats D'un magistat ignorant C'est la robe qu'on salue. [...]
[...] Donc l'homme se perd et s'oublie dans on personnage. Nous ne savons pas distinguer la peau de la chemise. Le nous démontre la complicité entre Montaigne et son lecteur. L'être humain n'arrive pas à se connaître sans savoir sa classe sociale, sa profession. Il est incapable de savoir qui se cache derrière le masque. Il se confond et ne se reconnaît que dans la fonction qu'il endosse. C'est assez de s'enfariner le visage, sans s'enfariner la poitrine. C'est assez démontre l'énervement de Montaigne. [...]
[...] J'en vois : Montaigne observe le monde, il perce à jour les hommes. La subordonnée relative qui se transforment et transsubstantient confère une connotation religieuse. En effet, la transsubstantiation dans la religion catholique désigne le changement de la substance du pain et du vin en celle du corps et du sang du Christ dans l'eucharistie. On peut penser les deux mots synonymes bien qu'ils aient le même suffixe exprimant le changement mais transforment désigne le changement de forme donc l'extérieur alors que transsubstantient utilisé au figuré sans véritable sens religieux est employé pour le changement de substance donc l'intérieur. [...]
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