Dans cette œuvre de Vercors, nous nous attacherons à montrer en quoi l'histoire d'un officier allemand, hébergé par des Français lors de l'Occupation allemande de 1941, s'inscrit dans l'engagement intellectuel de l'auteur par l'étude de trois aspects de la nouvelle : le silence comme centre du rapport entre les hôtes et l'officier, les convictions politique de l'officier allemand et enfin les problématiques sous-jacentes au récit.
[...] C'est par une stratégie perfide que les hommes politiques allemands préparent à la fois la destruction de la puissance et de l'âme française. Un premier symptôme de ce projet est la censure de toute publication française partout où les troupes allemandes sont établies. Contrairement à Werner Von Ebrennac, les hommes politiques ne sont ni des musiciens ni des poètes : ce sont des diables acharnés pour qui la métaphore de la bête s'applique à la France, bête qu'il faut vider de son venin Cette vision se justifie par la conviction que l'Esprit est immuable et qu'il est nécessaire de détruire l'Esprit en force, la France, pour mieux reconstruire l'Esprit à l'avenir. [...]
[...] on ne sait pas qui faire entrer d'abord. Lorsqu'il découvre les véritables intentions allemandes, il est effondré et déplore que la France ne puisse plus à l'avenir éclairer l'Europe : la France représente donc à ses yeux une source d'inspiration, d'intelligence pour l'Europe mais aussi le croissant fertile des idées et de la pensée. b. L'officier compare la France avec l'Allemagne en premier lieu au niveau du climat, plus précisément de la forme qu'hiver dans les deux pays, soit Ici en France, soit chez moi en Allemagne : en effet, l'hiver est bien plus rude en Allemagne, où la neige est comparée à un taureau trapu qu'en France où la neige prend l'apparence d' une dentelle : ceci met en évidence la poésie qu'inspire la France chez l'officier. [...]
[...] De ce fait, l'Allemagne apparaît comme une nation barbare et sauvage que seule une union avec la France pourra adoucir et civiliser. Cette idée est d'ailleurs étayée par la comparaison que fait l'officier de la relation franco-allemande à celle de la Belle et la Bête, personnages du conte éponyme Das Tier und die Schöne. Ces deux pays sont complémentaires aux yeux de l'Allemand car si la France possède la littérature, l'Allemagne possède la musique - Mais pour la musique, alors c'est chez nous : Bach, Haendel, Beethoven, Wagner, Mozart Quel nom vient le premier ? [...]
[...] Au final, il force la communication (en attendant qu'on l'invite à entrer dans la pièce) comme pour créer un dernier lien fort avant son départ définitif. Cette nouvelle véhicule des idées en marge de la pensée dominante de l'époque (d'où la publication clandestine) et s'inscrit dans une perspective intellectuelle : l'auteur met un événement historique dans une perspective plus large, le contexte de guerre lui insuffle des idées qu'on peut appliquer à d'autres époques, tels que la divergence entre politiques et citoyens, le non-sens de la guerre et l'universalisme. [...]
[...] L'auteur fait un réquisitoire indirect contre les politiques allemands et une guerre dictée par des ambitions malsaines En effet, il ne manque pas d'une part de présenter la brutalité des méthodes employées par les Allemands pour parvenir à leurs fins La Bête Il présente les hommes politiques allemands comme des personnes aux idées nobles certes mais capables d'arracher aux moustiques les pattes l'une après l'autre telle la fiancée qu'il voulut épouser jadis : bref, tous les moyens sont bons pour défendre leurs idées. On peut faire l'impasse sur cette particularité allemande lorsqu'on admet que la France peut jouer un rôle guérisseur pour l'Allemagne. Mais cette guerre est d'autant plus inadmissible et les politiques allemands d'autant plus méprisables que ces derniers n'ont pas les intentions nobles auxquelles croyait sincèrement l'officier allemand (c'est-à-dire le métissage harmonieux de deux cultures complémentaires). En réalité, ils ne considèrent pas la France comme la lumière de l'Europe mais comme une peste un poison qu'il faut éradiquer en trompant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture