Le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes est roman qui expose très nettement la doctrine de l’amour courtois. Lancelot amoureux de la femme d’Arthur, Guenièvre, part la retirer des griffes de Méléagant qui l’a enlevé. En chemin, il doit surmonter bon nombre d’épreuves à la fois chevaleresques, surnaturelles et courtoises. Notre extrait constitue l’épisode au cours duquel Lancelot prouve sa grande fidélité à Guenièvre en réussissant à déjouer le piège de la demoiselle entreprenante. On peut donc s’interroger sur le rôle de ce passage dans la quête de Lancelot. Pour répondre à cette question, nous évaluerons l’importance de cette nouvelle épreuve, grâce à différents éléments tel que le cadre, la parole donnée et le rôle de la demoiselle. Puis, nous verrons comment l’amour est exprimé comme une religion, en considérant l’Amour comme un tout puissant, en assimilant Lancelot au Christ et en observant l’adoration païenne que porte Lancelot à Guenièvre. Enfin, nous démonterons que Lancelot est l’exemple type du fin’amant par sa fidélité parfaite envers sa dame, et par le fait qu’il surmonte l’épreuve sans difficulté particulière malgré le stratagème de la demoiselle, ce qui l’oppose à Gauvain.
[...] Une note d'humour est indiquée par l'auteur au sujet de la parole, il en vient à comparer Lancelot à un frère convers v 1217. Si Lancelot n'avait pas eut droit à la parole, il ne serait pas dans cette situation à l'heure actuelle. La parole est donc une promesse, elle donne lieu à un échange, contre l'hospitalité, il doit coucher avec la demoiselle. Il s'agit du principe de l'offre et du don. Chaque journée présente une nouvelle épreuve et chaque page une nouvelle aventure. [...]
[...] Dans Le Chevalier de la Charrette, la courtoisie n'est pas seulement exprimée au sens large mais aussi dans son sens restreint d'amour courtois. Lancelot manque de courtoisie à l'égard de la jeune femme, car il refuse catégoriquement ses avances. Son attitude est significative car elle marque la distance qui sépare Gauvain de Lancelot. Un fin' amant n'est pas toujours un chevalier courtois, obéissant à un impératif plus élevé qui n'admet aucun partage, il reste absent aux sollicitations extérieures courtoises. Ceci est confirmé dans notre extrait puisque le narrateur nous dit que le cœur de Lancelot est fixé en un seul lieu 1231 et que la demoiselle reste sans attrait ni plaisir pour lui v 1226. [...]
[...] A cette beauté matérielle du cadre s'ajoute celle de la demoiselle, qualifiée de belle et pleine de charme v 1224. De plus, le regard du narrateur, fixé sur le lit, intensifie la signification de l'objet du délit que l'on connaît puisque Lancelot a donné sa parole précédemment dans le texte. La parole donnée est quelque chose de sacré dans le monde chevaleresque, c'est une des règes auxquelles un chevalier a l'obligation de se plier, puisqu'elle est imposée par le code de conduite de la chevalerie. [...]
[...] L'amour pour la reine est l'unique critère de conduite, l'unique source de prouesse. L'amant est bien récompensé par sa persévérance et sa foi. Quelque soit son mérite l'amant n'a rien a exiger, rien d'autre à attendre que garder foi et espérance en la dame qu'il a choisie. On peut associer le comportement de Lancelot à du mysticisme, ce qui correspond à un cheminement essentiellement solitaire vers un objet abstrait ou sublimé. Lorsque ce dernier se concrétise et qui plus est devient agissant, le but est atteint et même dépassé, tout s'annule dans la joie et l'union suprême. [...]
[...] En effet, on peut comparer Lancelot au Christ, et si on veut pousser notre réflexion, assimiler le royaume de Gorre à l'Enfer, dans un monde où la demoiselle entreprenante serait un avatar des tentations auxquelles est soumis le Christ. Juste avant notre extrait, Lancelot doit délivrer la demoiselle de ses serviteurs qui font semblant de la violer ce qui correspond à une première épreuve. La seconde, correspond à la tentation de la chair, celle de la demoiselle qui s'offre à lui. Mais Lancelot y résiste facilement et le narrateur le compare alors de manière significative à un moine v 1217 à 1220. Lancelot semble déjà se trouver du côté du religieux, plus que de l'humain. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture