Le poète n'est présent que s'il réussit à supprimer sa propre personne, écrit Lionel Ray dans sa Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité . Désignant son écriture comme reconquête d'un "état poétique du langage ou les mots eux-mêmes en état de rêve constituent la seule réalité", Lionel Ray assujettit le poème à une "désarticulation complète du discours", menant ainsi l'usage archétypal et rudimentaire du mot à sa chute. Les élans lyriques sont alors constamment encerclés par le travail de la langue et de sa matérialité, tout en essayant de rester à l'écart des théorisations poétiques. D'ailleurs, à propos de l'intrication des questions lyriques et identitaires, Jean-Michel Maulpoix, dans Du lyrisme, observe que "le poète apporte de singulières réponses élocutoires à sa propre disparition", s'attachant ainsi à rattraper l'essor d'un langage happé à la fois par son propre infini, et par sa réalité la plus concrète (...)
[...] Cette parole qui monte, dénuée sans doute de géographie, et qui s'étend, détachée de son locuteur, matérialisée par les pas, provoque la dislocation identitaire du sujet. En un jeu de miroir celui qui apparaît comme étant le postulat du poème : Tu vis à l'écart de toi-même, / quel est ce visage absent[12] la perte de l'être, sa non- reconnaissance plutôt, projette l'absence comme saisie du monde. Le vide, le creux, la caducité aussi, permettent l'émergence d'un je qui serait un, même et autre, transférable mais inéluctable. [...]
[...] Jean-Michel Maulpoix, Un lyrisme critique ? Jean-Michel Maulpoix et Cie [en ligne] http://www.maulpoix.net/articuler.html. Olivier Barbarant, A peine une voix dans l'ordre du sable préface à Comme un château défait de Lionel Ray, Paris, Gallimard, coll. Poésie Ibid. Lionel Ray, Comme un encre invisible Comme un château défait [1993], Paris, Gallimard, coll. Poésie p. 151-152. Lionel Ray, op. [...]
[...] Lionel Ray, op. cit., p 52. Lionel Ray, op. cit., p Lionel Ray, op. cit., p Olivier Barbarant, A peine une voix dans l'ordre du sable op.cit. Jean-Michel Maulpoix, Du lyrisme, op. cit., p Lionel Ray, op. cit., p Lionel Ray, op. [...]
[...] Et tu écris comme un qui dort, comme si toute vérité était morte, ou sans signature[24]. On retrouve ici l'ensemble des éléments propres au processus d'effacement . Si l'identité du sujet n'est pas niée mais remise en question par sa non- reconnaissance, elle est renforcée par sa dimension passée, celle de la carte ancienne la définissant comme une sorte de vestige en forme de lieu. En un procédé gradationnel, les composants du texte sont d'abord présents, puis flous, avant de tomber dans l'anonymat, le sommeil et enfin l'état de mort. [...]
[...] Perspectives Littéraires RAY, Lionel, Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité, Editeurs Français Réunis, coll. Petite Sirène Lionel Ray, Lettres ouvertes à Aragon sur le bon usage de la réalité, Paris, Editeurs Français Réunis, coll. Petite Sirène Lettre ouverte à Aragon cité par Jean-Paul Giraux, dans Lionel Ray ou la modernité se moque de la modernité Poésie/première, 21, février 2002. Ibid. Jean-Michel Maulpoix, Du lyrisme, Paris, José Corti p Ibid. Jean-Michel Maulpoix, 1990-2000 : déconstruire, aggraver Jean- Michel Maulpoix et Cie [en ligne] http://www.maulpoix.net/1990.htm. [...]
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