Au sujet de la littérature française, Dominique Viart proposait une classification des romans. Il y a à la fois la littérature consentante qui se contente de faire entrer le lecteur dans la fiction, ces écrivains sont appelés « compagnons du devoir », puis une littérature concertante qui s'empare des clichés du roman, qui a le goût du scandale, du cynisme… Et enfin la littérature déconcertante. C'est une classe plutôt positive car ces romans ont un style d'écriture qui surprend, ils sont une traduction de quelque chose. L'important dans cette littérature déconcertante n'est pas ce que dit un texte mais la façon dont il le dit. Il n'y a pas non plus le souci de la réception, puisque l'écrivain dépasse l'attente du lecteur.
Ainsi les écrivains tels que Pierre Michon, Sylvie Germain ou encore Laurence Tardieu – avec laquelle nous avons eu le privilège de nous entretenir, semblent faire partie de cette littérature déconcertante. Il y a une interrogation pour ces écrivains sur la question de l'écriture, du roman lui-même, de « comment écrire un roman » ? On peut donc s'interroger sur les différentes manières dont Laurence Tardieu traite le roman, de la façon dont elle dit le roman. Pour cela nous aborderons la question de la filiation, de la personne, de la création au sein du roman Comme un père. Nous servirons de l'entretien que nous avons eu le 23 novembre dernier, afin de voir comment l'écrivain traite ces trois points dans le roman, et sa façon de dire le roman.
[...] Au début du roman, il y a ce rejet du père, de la filiation, à cause d'un sentiment de peur : Un voile noir s'est formé devant mes yeux. Mes jambes ont vacillé. Je me suis assise On ressent cette peur par la cadence mineure qui donne l'impression d'une diminution de la personne, l'envie de s'effacer. Le sentiment de haine va peu à peu s'installer, les sentiments envers le père deviennent de plus en plus violents : Ne l'appelle pas mon père. [...]
[...] Comme un père, de Laurence Tardieu Sommaire Sommaire 2 Introduction 2 I. Une filiation difficile L'ambivalence amour et haine Le langage physique plus que les mots II. La personne dans le roman Un narrateur ambigu : je ou elle ? Le narrataire n'est cependant pas pris en compte III. La création La création artistique comme représentation de la création littéraire La question de la création de l'œuvre 6 Conclusion 7 Introduction Au sujet de la littérature française, Dominique Viart proposait une classification des romans. [...]
[...] Rajoutons que le corps est un motif très récurent dans le roman. On a par exemple, l'importance du corps lors des moments de Louise à la piscine : L'eau transforme mon corps, elle l'embellit Autrement dit le corps pourrait traduire ce malaise au sein de la filiation, il y a une certaine volonté de remodeler le corps de le maîtriser. Ainsi, ce corps pourrait être cette absence du père et de la mère, la traduction d'un malaise corporel qui tend à montrer une filiation difficile. [...]
[...] Mais la sculpture est également une métaphore de la naissance. L'écrivain souligne d'ailleurs que la création d'un roman se rapproche de l'accouchement. Ecrire demande de l'énergie puisqu'il faut faire sortir quelque chose qui sort du néant. C'est une sorte de tâtonnement où la fin s'écrit toute seule, mais où la perte d'énergie est à son comble. On peut dès lors parler la sculpture comme création littéraire. De plus, dans les passages où l'écrivain décrit Louise en train de sculpter, il y a cette impression de création littéraire en ce sens que cet acharnement à retravailler la sculpture que l'on pourrait assimiler au travail d'une phrase est présent : J'ai repris le travail sur l'expression des yeux. [...]
[...] Si je parle alors le personnage montre sa force et son caractère. En revanche, lorsque les émotions deviennent de plus en plus fortes, le narrateur éprouve le besoin de cacher ses émotions, de fuir ses sentiments. Elle sut qu'elle pleurait Cet exemple montre bien que même le fait de pleurer n'est pas directement accepté par Louise. Louise pleure car elle a subi une émotion trop forte, mais elle ne se rend pas tout de suite compte qu'elle pleure ; autrement dit elle refuse ces larmes mais doit, au bout d'un moment, les accepter malgré elle. [...]
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