Comme on le sait Koltès utilise un souvenir personnel lors de son voyage au Nigéria en 1978, pour constituer un an plus tard la trame de sa pièce Combat de nègre et de chiens et pour nous offrir sa propre vision de la vie et du monde. Notre extrait se trouve être la scène d'exposition de l'oeuvre qui a énormément d'importance pour la suite des événements et, nous avons chercher à savoir comment Koltès a développer son idée « d'un lieu du monde » à travers cette scène qui est loin d'être banale.
[...] La pièce contera donc les effets de cet accident. On peut dire que l'on retrouve sous la plume de Koltès le fonctionnement du théâtre classique qui veut que la violence et la mort soient cachées au public et jouées en dehors de la scène (dans les coulisses). De plus, on constate que les dialogues ne nous donnent pas d'informations précises sur les personnages. Alboury est, en effet, le seul à se présenter et ceci dès sa première réplique : Je suis Alboury, monsieur, je viens chercher le corps Le prénom de Horn n'est pas mentionné une seule fois, ce qui n'est pas gênant pour le lecteur, mais qui l'est pour le spectateur qui assiste à la représentation. [...]
[...] On ne trouve la noirceur des personnages que dans leur comportement les uns envers les autres. Comme le dit Jacques Nichet : Koltès aime nous faire peur en nous enlevant nos repères. Son Afrique n'est ni exotique ni politique. Il remet une couche de noir pour effacer la négritude et notre esprit de sérieux. Combat de nègre et de chiens ne parle pas, en tout cas, de l'Afrique et des Noirs [ . elle ne raconte ni le néocolonialisme ni la question raciale. Elle n'émet certainement aucun avis. [...]
[...] Peut-être enfin y a-t-il dans l'idée de Koltès, l'envie d'éloigner ce monde du notre et d'en créer un autre plus neutre, pour mieux critiquer la société colonialiste de l'époque. Comme il le dit lui même : Ma pièce parle peut-être, un peu, de la France et des blancs : une chose vue de loin, déplacée, devient parfois plus déchiffrable. Et peut-être pourrait-on souligner le fait que l'on retrouve ce procédé d'éloignement dans l'oeuvre de Montesquieu parut en 1721 : les lettres persanes? [...]
[...] Il y a donc une impossibilité d'échange et de communication entre ces deux êtres. De plus, la notion d'étranger nous a semblé importante à souligner, surtout lorsqu'on remarque des propos tel que : quelqu'un ligne 1 ou encore Vous, je ne vous avais jamais vu par ici ligne 34. Ici, l'étranger apparaît sous la forme d'Alboury, puisqu'il est extérieur au chantier et viens simplement chercher le corps, par exemple on peut lire Je suis Alboury, monsieur ; je viens chercher le corps ligne il également extérieur à la scène où la pièce est jouée puisque nous savons que le village se trouve dans les coulisses. [...]
[...] Ce qui rappelle la mise en scène de Patrice Chéreau en 1983 dans laquelle il avait mis en place une bifrontalité du public, ce qui accentue l'idée de boucle, de monde fermé sur lui même. Dans la scène d'exposition, on retrouve cette idée de boucle avec l'organisation du texte. On y trouve effectivement trois parties qui sont, comme on l'a vu précédemment, délimitées par les paroles de Horn et d'Alboury, lorsque Horn répète qu'il n'a jamais vu Alboury auparavent, et lorsque ce dernier réclame le corps de son frère. [...]
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