Nommé professeur d'histoire-géographie dans le collège de ZEP à la Courneuve, David Lepoutre connaît un important problème d'intégration.
Il décide de relever le défi qu'est la compréhension et l'analyse d'« un ensemble ordonné de pratiques, un système unifié d'attitudes personnelles et de relations, bref un système culturel que nous appellerons simplement "culture des rues" » (p. 27-28). L'auteur met en pratique ce que les théoriciens de l'école de Chicago ont appelé l'observation participante.
Fort de cet enracinement dans la société qu'il étudie et fort d'une vision « de l'intérieur », David Lepoutre tranche avec le stéréotype alarmiste de la plupart des journalistes et sociologues : la banlieue n'est ni exclusion ni désocialisation.
[...] Note de bas de page p La première partie de l'introduction sur ses relations avec l'élève Samir est particulièrement parlante sur ce point. Note de bas de page p Howard S. Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Métailié, Paris (première édition 1963) pages, p Pierre Bourdieu, La Distinction : critique sociale du jugement, Paris : Minuit p François Dubet, La Galère : jeunes en survie, Paris, Fayard Becker, op. cité Fernando Alvarez-Uria, Julia Varela, Le syndrome d'Oliver Twist : sociologie, école et délinquance juvénile Critique sociale, p. [...]
[...] La force physique est en effet une dimension fondamentale de la virilité Dans la vision populaire. Contrairement à la plupart des travaux sociologiques sur la banlieue, Lepoutre s'intéresse à la violence en elle-même et à son contenu culturel plus qu'à ses causes ; ses observations sur ce sujet confirment l'hypothèse d'une culture des rues : nous avons trouvé, au pôle exactement opposé de la violence anomique décrite par Dubet[6], une violence signifiante, codifiée, contrôlée et mise en forme, en somme une violence cultivée (p. [...]
[...] L'auteur parle d'une exportation de la culture des rues (p. 433), et donc de son homogénéisation nationale et internationale. Il s'agirait en fait plutôt d'une standardisation. Sur ce point, David Lepoutre ne donne pas de réponse à la question de l'implication du rôle d' exemple (le mot est un peu fort) qu'ont les jeunes des grands ensembles : préfèreraient-ils être uniques dans leur culture, qui leur permet une résistance au système global, ou sont-ils fiers d'être les précurseurs d'une mode ? [...]
[...] L'auteur met en pratique ce que les théoriciens de l'école de Chicago ont appelé l'observation participante. En effet, il bénéficie d'un contact constant avec la culture des rues en tant que professeur pendant dix ans au collège recrutant dans la cité des Quatre-Mille, et plus encore de par son habitation dans la cité pendant 20 mois. Fort de cet enracinement dans la société qu'il étudie et fort d'une vision de l'intérieur David Lepoutre tranche avec le stéréotype alarmiste de la plupart des journalistes et sociologues : la banlieue n'est ni exclusion ni désocialisation. [...]
[...] Même si la culture des rues ne concerne qu'un âge de la vie, elle reste un système culturel à part entière, avec, par exemple, un langage spécifique (le verlan). Les jeunes auxquels David Lepoutre s'intéresse ont entre dix et seize ans, pour la plupart de sexe masculin, les filles ne descendant que peu dans la rue L'auteur observe donc la construction sociale de leur virilité, à travers une violence omniprésente, tant physique que langagière. En effet, aux joutes ludiques et rituelles de vannes entre pairs, qui demandent un savoir-faire certain, s'ajoute une habitude de l'insulte et de l'offense, particulièrement obscène même chez les plus jeunes. [...]
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