? L'ouvrage s'ouvre sur un préambule de quelques âges, dans lequel l'auteur s'attache à décrire avec minutie un dessin néoclassique effectué à la mine de plomb.
? Description du dessin : la scène représentée se situe dans une grande pièce. On distingue un premier homme, âgé, nu, mais dont l'identité n'est pas délivrée, assis devant un bureau ; il tient dans sa main une feuille de papier, un document qu'il regarde (...)
[...] Intervient alors dans le récit un certain brouillage au niveau des locuteurs : en effet, un deuxième il apparaît, qui ne renvoie plus à LSM mais à un vieil homme qui feuillette des archives familiales, et qui n'est autre que Claude Simon lui-même : dans une subtile mise en abîme, l'auteur met de fait en évidence l'ampleur du travail, des recherches qu'il a effectuées sur son quatrième aïeul, LSM (autrement dit, c'est l'arrière-grand-père de sa propre grand-mère) Dans le récit se greffent alors de longues descriptions de souvenirs personnels, donnés, là encore, dans le désordre : à 11 ans, ce vieil homme absorbé par les archives assiste avec sa grand-mère à une représentation d'Orphée ; plus tard sans doute, il assiste à une reprise de cavalerie dans une cour de caserne ; événements douloureux de la déroute française de la Seconde Guerre Mondiale (mai 1940), avec la narration heurtée d'une embuscade, ou encore des réminiscences d'une visite des ruines du château de LSM et les tentatives avortées de retrouver le buste en marbre de celui-ci. On trouve également, mêlées à tout cela, des sensations du vieil homme, en particulier des descriptions de sa main feuilletant les registres, écrivant, etc. Remarquons qu'un troisième il apparait : il s'agit d'un dénommé O. qui n'est autre que Georges Orwell, dont Claude Simon met en scène, dans son roman, les aventures lors de la guerre civile espagnole. [...]
[...] Est de surcroît mise en relief la vie de Jean-Marie, proscrit, qui soutenait le roi, condamné indirectement par LSM, partisan de la mort du roi ; Là encore, le narrateur joue avec la chronologie : nous nous trouvons désormais à l'époque de Claude Simon : l'oncle Charles découvre, dans le coffre de la vieille dame décédée, la lettre de LSM concernant l'arrestation et la condamnation de son frère Jean-Marie. Il trouve en outre l'ensemble des archives de LSM ; l'oncle Charles remet tous ces documents au descendant Claude Simon, documents qui attirent puissamment son intérêt. Retour à la figure de LSM, ou en tous cas à son cadavre, exhumé pour lui prélever le cœur ; le destin du corps de Jean-Marie est également précisé. Le roman s'achève sur la lente décrépitude du général, dans un tourbillonnement étourdissant d'extraits de sa correspondance épistolaire. [...]
[...] Ces souvenirs sont placés sous le sceau de la noirceur, de la pourriture, du froid, de la mort. Le narrateur décrit longuement, dans des phrases labyrinthiques, la marche des cavaliers dans le froid, sous la neige, la pluie, le cantonnement en forêt, des incidents comme la désagrégation des troupes pour des raisons incertaines, hypothétiques que le récit tente d'élucider Les hommes semblent redevenir des animaux, des bêtes sauvages et primitives. La réalité est comme transfigurée, transformée en mythe, en allégorie : ainsi, un vieux général, Charbonnier, Ducourneau ou Lacombe arrive près du cavalier à la manière d'un envoyé du royaume des morts. [...]
[...] Impossible, également, de retrouver le vieux buste, malgré des visites au promoteur qui l'a eu en sa possession La vieille dame meurt. Plus tard, le descendant découvre qu'elle a dissimulé, qu'elle a muré les archives du général, qu'elle reniait, dans un placard ; elle n'avait conservé, à la vue de tous, que le camée et le buste en marbre de LSM. Des souvenirs d'enfance refont surface, comme l'époque où la ville dame emmenait ses petits-enfants à l'opéra (on retrouve ici, en écho, la scène de la Première partie de l'ouvrage : la représentation d'Orphée). [...]
[...] Cependant, à cette étape du livre, le lecteur reste sur sa faim : quel lien avec les autres éléments du livre ? La trame se noue, les indices s'accumulent Cette partie, très hétérogène et complexe, comprend également des passages : - D'extraits de lettres du général LSM, ayant trait aux opérations militaires auxquelles il a pris part ; - D'extraits de la correspondance privée de LSM, portant sur la culture de ses terres (d'où, aussi, le titre du roman : Les Géorgiques en écho à l'ouvrage de Virgile). [...]
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