Albert Camus élabore une philosophie existentialiste de l'absurde résultant du constat de l'absence de Dieu et de sens à la vie. La prise de conscience de cette absurdité doit être considérée comme une victoire de la lucidité sur le nihilisme qui permet de mieux assumer l'existence en vivant dans le réel pour conquérir sa liberté. L'homme peut ainsi dépasser cette absurdité par la révolte contre sa condition et contre l'injustice.
La trahison de ses amis et le réflexe policier de ses confrères parisiens ravivent chez Camus la hantise du jugement qu'il transmet à son personnage. Les allusions multiples à ses anciens amis donnent à l'œuvre une dimension personnelle : tel Clamence qui solde ses comptes, Camus adresse une réponse à ses anciens confrères.
Tout au long du livre, Clamence n'a de cesse de témoigner de sa hantise du jugement porté indifféremment par des amis ou des personnes inconnues, concernant l'image sociale de soi que nul ne peut contrôler. Tout bascule lorsque Clamence entend un rire éclater derrière lui alors qu'il traverse un pont. L'intouchable avocat, au-dessus des accusés ou du juge, se voit ébranlé, car il se sent épié, épinglé.
[...] Fidèle à sa pensée, Camus rejette tout interventionnisme divin dans la vie de son personnage : la particularité du juge pénitent est qu'il ne donne pas l'absolution pour les erreurs passées contrairement à la religion : nie la bonne intention, l'erreur estimable ( . ) (p. 111). Sa pénitence n'a d'autre but que de satisfaire son désir égoïste d'impunité et la possibilité de juger les autres. Il est à nouveau heureux sans aucun recours à la religion Lui-même se prend pour un prédicateur qui prêche dans son église de Mexico-City» (p.l 15). Il s'érige en maître à penser, car Dieu n'est plus à la mode (p. 112). Le procès de Clamence et de l'humanité ? [...]
[...] Il rentre chez lui, contrarié. Lorsqu'il se regarde dans le miroir, son sourire lui semble double. Cela marque le début de sa chute. Troisième journée : ce rire sur le pont lui a ouvert les yeux sur sa vanité, sur son orgueil. Il s'est rendu compte par la même occasion que ses relations avec les femmes étaient elles aussi régies par cette vanité. Puis cette remise en cause lui a permis de se rappeler que deux ou trois ans auparavant, il avait vu, un soir, une jeune femme se jeter dans la Seine. [...]
[...] En particulier Sartre : il ne faut pas désespérer Billancourt (p.42). Les thèmes principaux Le personnage de Clamence - un comédien tragique et un orateur : l'œuvre dans son intégralité constitue un long monologue, dans lequel les réponses de son interlocuteur ne sont rapportées que de façon indirecte. Son amour pour les grands discours, sa maîtrise de l'éloquence et des mots lui permettent de retranscrire au mieux son histoire et de parvenir à ses fins : y intégrer son interlocuteur. [...]
[...] "La chute", Albert Camus (1956) L'auteur Albert Camus est né en 1913, en Algérie, pays dont il gardera un souvenir très vivace à travers ses œuvres. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il milite dans un mouvement de résistance et publie des articles dans Combat qui deviendra un journal à la libération ; en 1944, sa rencontre avec Sartre fera naître une amitié et une collaboration intellectuelle riche. Ce dernier souhaite que Camus collabore sur la mise en scène de Huit Clos. [...]
[...] La civilisation marchande, technique et moderne se précipite dans la barbarie. La satire des nobles causes Lors de la description de sa vie à Paris, Clamence apparaît comme un défenseur de la veuve et de l'orphelin» (p.19) pour s'en étonner tout de suite après je ne sais pas pourquoi car enfin il y a des veuves abusives et des orphelins féroces». Cette phrase donne le ton que l'auteur veut donner à son œuvre : une subtile satire des nobles causes, rendue d'autant plus féroce par le regard désabusé et ironique que son personnage porte sur la société. [...]
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