Christa Wolf est une écrivaine allemande qui réalise cette œuvre après la chute du mur de Berlin alors qu'elle y habitait dans le côté est. De même qu'elle a réécrit le mythe de Cassandre avant la chute, elle semble s'intéresser aux réécritures puisqu'elle publie récemment « Médée – Stimme » se traduisant par Médée – Voix. L'actualisation fondamentale qui est réalisée par l'auteure allemande réside en la déculpabilisation des infanticides de Médée : cette dernière ne tue pas ses enfants.
Médée dans cette œuvre est la représentation de la femme libre, sauvage qui dérange et que l'on va donc accuser d'être magicienne.
[...] Sénèque, Médée 5. Voix d'Akamas Dès que les femmes sont mises sur le même pied que nous, elles nous sont supérieures. Caton 6. Voix de Glaucé Il m'a pris mes biens. Mon rire, ma tendresse, ma disposition à faire plaisir, à aider, ma compassion, mon animalité, mon rayonnement, il en a écrasé toute manifestation séparée jusqu'à ce que rien ne se manifestât plus. Mais pourquoi un être humain fait-il cela, c'est ce que je ne comprends pas Ingeborg BACHMANN, Franza 7. [...]
[...] Voix de Leukos Les hommes veulent se convaincre que leurs maux relèvent d'un responsable unique dont il sera facile de se débarrasser. René Girard, La Violence et le Sacré 8. Voix de Médée La fête a perdu tous ses caractères rituels et elle tourne mal en ce sens qu'elle retourne à ses origines violentes. Elle n'est plus un frein mais l'alliée des forces maléfiques. René Girard, La Violence et le Sacré 9. Voix de Jason Jason : S'il existait une autre naissance, en se passant de la femme Comme la vie serait heureuse ! Euripide, Médée 10. [...]
[...] Voix de Médée Tout ce que j'ai commis jusqu'à présent je le nomme œuvre d'amour Maintenant je suis Médée, ma nature s'est épanouie dans les souffrances. Sénèque Médée voix de Médée 2. Voix de Jason Un désir tout-puissant pousse les hommes à rester dans la mémoire et à acquérir un nom imortel pour l'éternité. Platon, Le banquet 3. Voix d'Agameda Médée : Et si les femmes ne sont pas destinées au bien, pour le mal ce sont des expertes. Euripide, Médée 4. [...]
[...] Les femmes des Corinthiens me font l'effet d'être des animaux domestiques bien apprivoisés, elles me dévisagent comme un phénomène étrange, tous les regards convergeaient vers [nous]. On voit Médée qui écrit une lettre à sa mère. Nous pouvons alors observer ici une humanisation de la figure car elle justifie son état d'esprit, sa colère et ses actes. L'idée d'une relation mère fille va dans le même sens : La fièvre monte, il fallait que je le fasse. C'est la première fois que j'ai vu cette femme à côté de Créon, mère, avec ce second regard que tu as remarqué en moi. [...]
[...] Christa Wolf développe le thème de la place de Médée au sein des autres femmes de la cour royale de Corinthe, en reprenant au passage le cadre temporel d'Euripide. Médée : du bourreau à la victime. Dimension sociale et politique de l'œuvre Alors que jusqu'alors, Médée était représenté comme étant une figure diabolique, animale capable de tuer le fruit de ses entrailles pour assouvir une vengeance causée par une blessure narcissique, ici Christa Wolff en fait la victime d'une masse silencieuse qui cherche en elle la cause de tous les maux de la cité. [...]
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