"Terminer la guerre", voilà comment la problématique du désarmement et de la démobilisation est d'emblée introduite ici comme enjeux majeur de la pacification en Afrique australe et orientale. Processus de déconstruction et de reconstruction tant de l'appareil d'Etat que de la société autour de lui, le chemin de la guerre vers la paix articule de véritables systèmes de fonctionnement et des acteurs multiples. La guerre amène à une véritable recomposition sociale et économique, bien que coûteuse. C'est ce que le chapitre introductif permet de mettre en avant, en soulevant les grandes problématiques qui sont au coeur du processus de pacification des cas d'étude sélectionnés, le Mozambique, l'Erythrée, l'Angola et la Somalie. La dimension sociale et historique, l'ancrage contextuel développés dans les chapitres suivants sont essentiels ici, c'est pourquoi l'approche au cas par cas fait parti intégrante de l'analyse de Marchal et Messiant. Il est nécessaire d'étudier la genèse politique et sociale de la guerre pour comprendre les contraintes qui pèsent sur la pacification et la reconstruction de l'Etat et de la société nationale.
La guerre s'apparente ici à un phénomène de cristallisation des attentes et des problèmes que l'instauration de la paix devra résoudre, par des mécaniques de médiations, d'intégration, notamment par celle des soldats dans une armée nationale institutionnalisée. Le problème n'est pas strictement militaire, il fait plutôt référence à l'ensemble des forces de l'ordre et de répression, dont l'armée bien sûr, qui peuvent s'affirmer sur la scène publique.
Cela pose le problème de la crédibilité du processus de pacification durable, qui se fait par les enjeux véritablement politiques que sont la démobilisation et le désarmement, notamment du point de vue du reclassement social, et du devenir des démobilisés, mais aussi de celui de la reconstruction du fait étatique et du fait national. Au-delà de simples conditions pratiques qui mèneraient de la guerre à la paix, ces deux défis politiques mettent en cause des inerties sociales, économiques et des questions de médiation complexes (...)
[...] En effet, s'il est bien une force des Chemins de la guerre et de la paix, c'est celle de la différenciation. Grâce à un découpage strict entre des situations toutes aussi complexes et denses, et à une déconstruction de l'organisation de la guerre, et des enjeux qu'elle porte pour l'élaboration de la paix dans chaque cas, les auteurs refusent une exhaustivité historique qui viendrait alourdir la clarté du propos. Ils y ont préféré un développement autour d'ancrages, d'inerties contextuelles originales, à partir desquels on va pouvoir faire émerger des objectifs et des conditions de réalisation de la paix. [...]
[...] C'est l'ensemble des structures politiques, et leur pendant économique, formatés par la guerre, qui sont à mobiliser ici et à reconfigurer. Si bien évidemment, les auteurs ne peuvent éviter l'analyse des programmes de démobilisation, à partir de contingentement, de l'instauration d'une conscription étatique, étatisée, comme celle, plus statistique, du désarmement en tant qu'il est un véritable processus sur le long terme, on ne peut résumer Les chemins de la guerre et de la paix à une simple étude méthodologique des préliminaires d'une tentative de pacification de la vie politique dans cette région de l'Afrique. [...]
[...] Le rendre effectif pour éviter un résultat électoral défavorable, c'est poser le problème de la confiance nécessaire au jeu démocratique, qui ne se fait pas par l'élimination pure et simple de certains groupes au bénéfice d'autres. Le risque inhérent à la restructuration du jeu politique est celui de la polarisation du régime, bipolarisation avec la RENAMO et le FRELIMO au Mozambique, polarisation clanique en Somalie. Il faut en fait rendre la réconciliation indispensable, et passer de l'affrontement systématiquement à la coopération. [...]
[...] Les chemins de la guerre et de la Paix Fins de conflit en Afrique orientale et australe Roland Marchal et Christine Messiant «Terminer la guerre», voilà comment la problématique du désarmement et de la démobilisation est d'emblée introduite ici comme enjeux majeur de la pacification en Afrique australe et orientale. Processus de déconstruction et de reconstruction tant de l'appareil d'Etat que de la société autour de lui, le chemin de la guerre vers la paix articule de véritables systèmes de fonctionnement et des acteurs multiples. [...]
[...] A la manière impressionniste, on retrouve à travers l'étude de différents mouvements armés, de leur cohésion interne variable comme leur degré de politisation et de leur évolution tout au long du conflit, la problématique de l'émiettement du monopôle de la violence légitime. Tenter de le reconstruire, c'est devoir faire face à une nouvelle gestion du politique, par la réconciliation nationale notamment, mais aussi par le problème du calcul coût/bénéfice que représente la paix et la redistribution des pouvoirs, avec les risques de déstabilisation et d'insécurité que cela peut engendrer. [...]
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