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La reconnaissance du sujet sensible en éducation. Renaud Hétier entretenu avec Claudine Haroche.
- Le sujet sensible est un mélange du corps, des sens, de la sensorialité et des sentiments. Pour Durkheim, il y a une nécessité à prendre en compte les manières de sentir. Pour Merleau-Ponty, l'expérience sensorielle est importante.
- L'évolution de la préoccupation du sensible est un progrès et une redécouverte à la fois. Mais il y a aussi une permanence. Le contact des corps a été révélé depuis longtemps en psychologie. Mais l'on s'en montre plus attentif aujourd'hui, on reprend des questions mises à l'écart.
- La modernité vise la visibilité. Depuis 1789 chacun a le droit d'être vu et reconnu, estimé, regardé, considéré. Dans la modernité, l'individu se constitue sous et dans le regard de l'autre qui lui est semblable. Il y a le droit pour chacun d'avoir une intériorité. Du côté de l'individualisme narcissique, il y a une centration sur le moi sans limite. Pour exister il faut désormais être vu par des nombreux anonymes.
- L'affaiblissement des normes, formes et distances sociales et l'augmentation du corps à corps vont-ils conduire à une plus grande sensibilité à soi et à autrui ? Non. Cela va contribuer à une peur d'autrui et une augmentation de la sensorialité mais qui ne débouche pas forcément sur une meilleure connaissance d'autrui.
- Le lien entre une centralité sur l'enfant et l'augmentation de la culture de distraction : l'enfant est devenu cible de consommation, il est sensible à ce marché or il n'a pas forcément besoin de tout cela pour se développer. L'offre culturelle est illimitée aujourd'hui et il y a une attention exacerbée aux enfants. Ceux sont des entraves à la sensibilité car cela produit l'indifférence à autrui et augmente donc la violence. Il faut des activités qui permettent l'expression collective du sensible.
- Aujourd'hui il y a division de la raison et du sensible, or peut-on penser sans sentir ? Il faut les deux.
- L'évolution culturelle nous distrait-elle d'éprouver ce que nous sommes ? Investir le virtuel et l'augmentation de la violence ont-ils un lien ? C'est plutôt l'incitation croissante à se dépasser qui engendre cela (...)
[...] Pour l'auteur, la vie bonne est une question au centre de l'éducation. Le réel ne cesse de disparaître et de renaitre, de reproduire. Souvent ces transformations sont imperceptibles, tout semble figé. Faire le deuil c'est prendre conscience et accepter ces perpétuelles transformations. On fait le deuil de la stabilité. C'est difficile car tragique. Le sensible va être au contact de ce deuil et va nous changer. On ne peut plus faire marche arrière, il faut alors construire du sens, une symbolique permettant de vivre. Cela permet d'être sécurisé dans la vie. [...]
[...] Chemin de formation, Octobre 2011 Contenu Éditorial de Renaud Hétier Le sujet sensible Éditorial de Renaud Hétier. Le thème de la revue est la reconnaissance du sujet sensible. Le sensible est l'augmentation de la dimension subjective représentée par les sens, les émotions, la manière d'être et le sentir du monde. Cela ne vise pas à opposer l'intelligibilité mais à la compléter. Le sensible serait une dimension fondamentale. Il est interrogé sous différents aspects : La place du langage : il faut une qualité d'écoute et une liberté de dialogue. [...]
[...] Il produit des changements dans l'école. Il y a un travail de création effectué pour percevoir des sensations. Il émerge donc un modèle de l'enfance en rupture avec le modèle scolaire en même temps qu'il est point d'appui de modalités inédites du travail éducatif. L'artiste est au cœur de l'école. La loi du 13 août 2004 sur les libertés et responsabilités locales fait que les responsabilités locales égales celles de l'État. Cela engendre des partenariats qui recomposent le paysage éducatif. [...]
[...] Cela se traduit dans des institutions. L'habitus est le résultat de cet imaginaire social. L'imaginaire sacral : le réel qui nous échappe mais dont nous sommes constitués. Des choses qu'on ne peut savoir et connaître. Le sacré mystique vécu à travers des épreuves singulières qui vont modifier le regard de l'individu. La science de l'éducation s'est fondée sur un regard répulsif face à la religion. Cependant individuel, social et sacré forment un tout inséparable, distincts mais en dialogue permanent. Le corps aujourd'hui. [...]
[...] Il faut un médiateur lecteur pour favoriser la relation entre objet et enfant. L'image et le texte ne sont pas suffisants à eux seuls. L'adulte va sonoriser les signes écrits en les oralisant, il va aussi mettre en scène les images. Cela va sensibiliser à l'objet livre. L'écrit ne parle pas tout seul ni à tous. Les empruntes physiques disparaissent, il nous fait rentrer dans un espace virtuel où on doit dégager un sens qui doit rentrer en connexion avec notre propre sens. [...]
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