Romancière, poète, auteur de théâtre, Andrée Chedid est une figure éminente de la littérature internationale. D'origine égypto-libanaise, elle est née au Caire en 1920, a été élevée dans des pensionnats au Caire et à Paris, a obtenu son doctorat de l'université américaine du Caire, a épousé à vingt et un ans, Louis Chedid. Ils vivent les trois années suivantes (1942-1945) au Liban, puis s'établissent à Paris. Pour y avoir vécu et y avoir fait des études, elle connait intimement l'Ouest et le Moyen-Orient et les deux cultures marquent son oeuvre entière.
Andrée Chedid est un écrivain prolifique, elle a publié une dizaine de romans, seize recueils de poésie, cinq recueils de nouvelles, deux pièces de théâtre et deux essais. Elle a reçu de prestigieux prix littéraires pour ses nombreux ouvrages en prose ou en vers, dont le prix Louise Labé et le prix Goncourt de poésie en 2003 pour l'ensemble de son oeuvre.
Son oeuvre est aujourd'hui universellement connue et appréciée. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues : Le Sommeil Délivré en anglais et en espagnol, L'Autre en espagnol, roumain, polonais et slovaque.
Il est à noter qu'Andrée Chedid évoque surtout l'Égypte dans un bon nombre de ses oeuvres. Etant donné que la terre natale ne peut jamais être oubliée. L'Égypte est inscrite dans le sang même de la romancière. Sa mémoire en est imprégnée, son âme y reste attachée même si elle préfère vivre à Paris. En effet, l'Egypte est le pays de son enfance, sa famille, mais surtout sa fascination pour l'être humain, inépuisable source d'inspiration, qui constitue l'essence même de son oeuvre littéraire (...)
[...] Même au sujet du mariage, c'est lui qui impose sa volonté indépendamment du consentement de ses enfants. Son père fixe son choix entièrement en dehors de sa fille, ne soucie même pas de prendre son avis. Samya est tout simplement avertie de la décision de son père, décision qui fixe son destin : Son frère Antoun se rend au pensionnat pour la lui annoncer Je t'emmène, dit-il .Tu rentres à la maison ( . ) On te marie!"2La fille est subordonnée au père et ne doit ni désobéir ni discuter. [...]
[...] La petite villageoise Ammal est en quelque sorte son double positif. L'enfant qui laisse dans notre esprit une image durable est celui qui a un don qu'il offre au monde : statuettes d'Ammal. Andrée Chedid aborde le thème de la création artistique pour donner un sens à la vie de la femme asservie. Un jour, elle sort de son corsage une figurine de terre qu'elle montre à la jeune femme : " La figurine représentait son oncle Abou Mansour assoupi ; il était enveloppé de sommeil et semblait faire partie de ses robes "2. [...]
[...] Le mariage précoce et forcé est une pratique courante au monde arabe. En effet, Samya voit ses camarades du pensionnat les unes après les autres partir du couvent à la demeure conjugale sans prendre leur consentement1. Samya, tout comme son écrivaine, considère l'amour comme la chose la plus importante, l'élément indispensable au mariage. "L'amour est l'eau qui vous nourrit .Sans amour, on est une terre sèche. Elle est cette terre aride qui attend l'eau c'est-à-dire l'amour. Celui-ci donne à la vie la peine d'être vécue. [...]
[...] Elle lui envoie des lettres où elle se plaint et où elle décrit sa souffrance, espérant trouver en lui le support et la protection : "Mon père, cet homme me traite comme une chose ( ) Mon père, j'ai soif, je veux de l'eau sur mes lèvres. Mon père à chaque instant ma jeunesse est enterrée "1. Déçue et choquée de la réponse de son père "l'homme a le droit de battre sa femme correctionnellement Samya ne trouve ni compréhension ni sécurité auprès de son père. Cette réponse lui est fatale. [...]
[...] En ce qui concerne l'œuvre " Le Sommeil Délivré l'action a pour cadre une ville industrielle de province et un village de l'Égypte. En effet, ce pays ne constitue pas uniquement un cadre spatial dont s'est inspiré A. Chedid, elle a effectivement peint les problèmes et les conditions qui règnent dans ce cadre là. En Égypte, la prédominance masculine a longtemps marqué les mœurs et les rapports sociaux. Andrée Chedid a consacré à l'oppression exercée contre une jeune femme tout un livre "Le Sommeil Délivré " où elle peint avec un accent de simplicité, la triste condition d'une jeune égyptienne consciente de l'oppression, manœuvrée par l'éducation, cernée par les conventions et les préjugés de la société, asservie par l'homme, son maître. [...]
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