Le 13 juillet 1806, Chateaubriand quitte la France pour un périple qui va le mener jusqu'en Grèce. Le récit de ce voyage dans la patrie d'Homère occupe tout le premier tiers de don Itinéraire de Paris à Jérusalem. Il s'y montre tour à tour savant, aventurier, archéologue, peintre de paysages, observateur de peuples, découvreur de cités. Il a tenté de dessiner le visage d'une Grèce idéales au travers de descriptions nombreuses et différentes. Dans la préface à la première édition, il affirme la vocation de son voyage : « J'allais chercher des images ; voilà tout. » (p. 55). Il établit la légitimité de la description comme construction et élément central de son œuvre. On verra que cet outil textuel est au service d'une esthétique, mais aussi d'une visée idéologique bien précise.
[...] Posté dans son bateau à la page 82, Chateaubriand regarde les îles de Fano et de Corcyre de loin : il en a donc une vue panoramique. Sa volonté affichée est bien sûr de donner à voir, comme en témoigne la présence de nombreux verbes de perception, rien que des pages 81 à 83 : découvert (p.81), on découvrait on apercevait voir , j'entrevoyais considérer (p.83). Cette idée de vision, de spectacle se lit également à travers la profusion de verbes d'état, comme était qui se répète par trois reprises à la page 82. [...]
[...] Selon Chateaubriand, la lumière nimbe la représentation de la réalité et lui donne à la fois une dimension spatiale et temporelle qui s'abstrait de toute espèce d'autres particularités. Le pouvoir de la couleur locale est également à mettre en avant : elle modifie un objet en fonction de l'ombre et de la lumière. Selon l'idéal grec de la Beauté, la primauté de l'impression générale sur les détails est nécessaire dans toute description : aux choses vues sont systématiquement attachées des notations dysphoriques ou péjoratives qui les privent de tout caractère pittoresque. [...]
[...] Pensons par exemple à la description par la négative du désert de Lacédémone, qui apparaît comme un lieu du manque[2]. Une espèce d'écart lyrique surgit à l'évocation de ces solitudes infréquentées. La fonction de la description théâtrale est de rapprocher ce qui s'étale dans l'espace. La variété des temps (présent, imparfait, passé composé) présents dans la description permet d'actualiser la scène. Le passé composé garde un lien avec le présent. Le présent (de narration) rend la scène plus vivante. L'imparfait apporte une touche durative. [...]
[...] Le récit de ce voyage dans la patrie d'Homère occupe tout le premier tiers de don Itinéraire de Paris à Jérusalem. Il s'y montre tour à tour savant, aventurier, archéologue, peintre de paysages, observateur de peuples, découvreur de cités. Il a tenté de dessiner le visage d'une Grèce idéales au travers de descriptions nombreuses et différentes. Dans la préface à la première édition, il affirme la vocation de son voyage : J'allais chercher des images ; voilà tout. (p. 55). [...]
[...] Une grande place est laissée à la fiction et à l'imagination. Le voyage de la Grèce dessine donc en creux une Grèce idéale (comme celle de Fénelon[8] et de Chénier), marquée par son historie et également investie de profondeur intertextuelle. La description comme rencontre Chateaubriand s'efforce de traduire à son public les sentiments, les impressions et les émotions qu'il a ressentis face aux spectacles rencontrés au cours de son périple. C'est ainsi que certaines descriptions cruciales sont l'objet d'une mise en scène stylistique particulièrement soignée. [...]
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