Pièce écrite en 1945 mais créée en 1954 par le Berliner Ensemble. Le titre de la pièce vient d'une légende chinoise. La pièce raconte deux histoires, dont l'une est imbriquée dans la principale. La situation de deux kolkhozes dans le prologue puis comparée à cette légende par une pièce qui se présente devant les personnages ainsi que les spectateurs. C'est donc ce prologue et la première scène (mais appelons le plus logiquement tableau) que nous allons étudier.
La situation des membres des kolkhozes ne reviendra plus dans la pièce, l'histoire de Groucha et son destin finiront la pièce. Le projet de Brecht était de comparer l'époque contemporaine avec un fait passé. Il voulait une comparaison des époques. Montrer la différence pour mieux étudier notre siècle. On peut prendre l'exemple d'un film dont l'histoire se passerait au Moyen-Age et dont les situations rudes seraient retranscrites le plus fidèlement possible ou les conflits filmés avec violence. La question qui devrait se poser dans la tête du spectateur, si l'on suit les propos de Brecht serait: voilà une époque Barbare mais la nôtre est-elle meilleure?
[...] En conclusion, on pourrait dire que la volonté de cette nouvelle esthétique brechtienne est de montrer une communauté d'hommes entre eux tout en éloignant ceux-ci de la représentation. On pourrait trouver bizarre l'idée de chercher un impact sur le spectateur tout en l'éloignant du spectacle, le but étant justement de créer des questions face à un événement qui ne nous est pas familier. Ces événements ne seront pas enfermés dans une esthétique illusionniste. On ne cache rien de l'artifice du théâtre. [...]
[...] Il faut aussi noter la question ou plutôt la problématique du divertissement chez Brecht. Le premier paragraphe du Petit Organon énonce le but du théâtre, je cite : le théâtre consiste à fabriquer des reproductions vivantes d'événements qui engagent des hommes, et cela aux fins de divertissements Il veut faire du théâtre l'exact contraire de la science : l'accès aux plus démunis. Il en critique donc son aspect éditique. Voilà pourquoi il y a un décalage de comportement entre la noblesse et les domestiques. [...]
[...] Ensuite, le théâtre de Brecht repose sur l'épique, adresse au spectateur dans le sens d'éveiller les consciences, d'en faire un spectateur actif. La pièce, jouée devant à la fois nous spectateurs et les personnages, est en parfaite contradiction avec l'esthétique prébrechtienne, la domination de l'esthétique dramatique dans le théâtre. Enfin, la situation du prolétariat est mise en avant par, on l'a vu, le personnage de Groucha, mais aussi par l'enjeu entre les deux kolkhozes, victimes de la guerre. Une fois le conflit finit, un autre arrive. Groucha : mère Courage ? [...]
[...] Parce que nos chèvres ne trouvent pas leur nouvelle herbe aussi bonne que l'ancienne. Le fromage n'est plus du fromage, parce que l'herbe n'est plus de l'herbe. Voilà le fait. D'autre part, la place du prolétariat est mise en scène dans le prologue et dans le premier tableau. Un exemple concret de la domination : au sujet de la vallée, à qui appartient-elle ? À personne selon un des soldats : depuis toujours ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Rien n'appartient à personne depuis toujours. [...]
[...] Le spectateur doit reconnaître l'objet de la pièce tout en étant étonné. Brecht prend pour exemple le théâtre antique et son utilisation de masques pour distancier, procédé que nous retrouvons dans la mise en scène de Le Cercle de craie caucasien de Benno Besson. La pièce ne doit pas se comprendre toute seule. Tout ne doit pas être servi au spectateur sur un plateau, car c'est à lui qu'il revient d'établir un sens à la pièce. Les spectateurs doivent se poser des questions, car c'est dans la différence que nous apprenons le mieux. [...]
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