Robert Castel propose une réflexion sur ce que signifie le fait d'"être protégé" aujourd'hui. Après avoir rappelé les fondements philosophiques de cette protection, il s'intéresse au devenir de cette notion dans la société contemporaine. Les protections sociales dont disposent les individus dans notre société ont été mises en place pour l'essentiel après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du développement de la société salariale (Etat-providence, Sécurité sociale...). Depuis trois décennies on assiste à un progressif effritement de ces dispositifs protecteurs sous l'influence des forces du marché qui imposent une réorganisation du monde du travail.
[...] Ce besoin de protection - disposer de la sécurité civile et sociale - est au fondement du pacte social. La question de la sécurité civile a été longuement abordée. Robert Castel rappelle le délicat arbitrage à trouver entre la recherche de sécurité et le maintien d'un État de droit ; la pulsion sécuritaire rappelle-t-il, bascule facilement en une chasse aux suspects et en une recherche de boucs émissaires. Il observe également que la sécurité civile devrait faire partie des droits sociaux (la sécurité quotidienne affecte de façon préférentielle les personnes les plus démunies). [...]
[...] Robert Castel insiste sur le fait que les exclus - qui ne constituent pas des collectifs mais des collections d'individus - n'existent pas en dehors de la société ; en d'autres termes, la décollectivisation elle-même est une situation collective. La situation dans laquelle se trouvent certains groupes sociaux aujourd'hui est caractérisée par une trajectoire descendante. Robert Castel analyse ensuite les conséquences du déclassement de certaines catégories sociales. Il part de l'exemple du poujadisme. Il montre que ce mouvement, qui s'est développé dans les années 1950 en France, exprime le sentiment ressenti par les artisans et les petits commerçants de l'époque d'être les laissés-pour-compte de l'évolution économique. [...]
[...] Castel fait sienne l'interrogation de Karl Polanyi : peut-on domestiquer le marché ? Poser cette question revient à entériner l'existence du marché. Robert Castel critique les différentes utopies qui se fondent sur l'espoir de se passer du marché. Mais dans le même mouvement où il affirme la nécessité du marché, il indique également la nécessité de l'endiguer. Dans les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, la création d'une propriété sociale, grâce à un compromis entre le marché et le travail, a constitué une révolution grâce à laquelle ont été édifiées les protections sociales dont une part majeure est encore fonctionnelle aujourd'hui. [...]
[...] La retraite n'est pas le seul élément de cette nouvelle sécurité introduite par la propriété sociale : on peut citer également la protection contre les accidents, contre les maladies, etc. L'État a joué un rôle majeur dans la généralisation de la sécurité sociale : il est apparu comme un réducteur de risques Une société de semblables Le développement de la propriété sociale a constitué une solution à l'insécurité sociale qui pesait sur les non propriétaires Mais la société salariale qui s'est constituée est restée inégalitaire tout en devenant fortement protectrice. [...]
[...] Robert castel présente le travail de Thomas Hobbes. Pour Thomas Hobbes une société d'individus serait une société d'insécurité totale (état de nature, concurrence des individus, guerre de tous contre tous). Dans ces conditions, la sécurité devient la condition première et nécessaire pour que des individus puissent faire société Pour Hobbes la garantie de cette sécurité ne peut être réalisée que par la mise en place d'un État absolu, le Léviathan. Castel rappelle au passage que Max Weber, moins critiqué car plus nuancé que Hobbes, considère cependant lui aussi que l'État a le monopole de la violence légitime Si l'existence du Léviathan supprime les libertés politiques, il libère néanmoins les individus de la peur et simultanément il rend possible l'exercice de certaines libertés dans le champ privé : croyances religieuses, liberté de pensée, jouissance en paix du fruit de son travail. [...]
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