Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, naît en 1894 à Courbevoie, d'une famille de petits commerçants. Il fréquente dès son plus jeune âge les rues de Paris, ce qui lui vaudra de maîtriser parfaitement le parler populaire. Son service militaire et sa participation à la Grande Guerre, à cette « vacherie universelle », feront partie des expériences les plus exploitées de son œuvre. Blessé dès 1914, il devient un farouche pacifiste. De retour à la vie civile, il hésite sur la voie à emprunter ; après un séjour à Londres et au Cameroun, il entreprend des études de médecine, couronnées par une thèse de doctorat. Il effectue plusieurs missions en Afrique, en Amérique ; il est « médecin des pauvres » en France. En 1932 est publié Voyage au bout de la nuit, à n'en point douter son œuvre la plus reconnue. En 1936, Mort à crédit et, la même année, de retour d'Union soviétique, Mea culpa, livret où se fait jour, derrière sa dénonciation du régime communiste, son antisémitisme. Cette idéologie antisémite est bien vite exprimée dans d'ahurissants pamphlets : Bagatelles pour un massacre en 1937 et l'École des cadavres en 1938. Après la guerre, Céline est accusé de collaborationnisme.
À la veille du débarquement des Alliés, il tâche de gagner le Danemark. Parvenu à Copenhague après quelques pérégrinations, il est arrêté et incarcéré. Poursuivi par les autorités françaises sous l'inculpation de trahison, il séjourne en prison un peu plus d'un an puis reste en exil sur les bords de la Baltique jusqu'à son amnistie, en 1951. De retour en France, il s'installe définitivement à Meudon avec sa femme, la danseuse Lucette Almanzor. Il ouvre à nouveau un cabinet médical, tout en poursuivant sa carrière d'écrivain.
En France, Céline tente de restaurer son image, mais il faut attendre 1957, après des parutions diverses passées inaperçues, pour qu'il resurgisse dans l'actualité littéraire avec D'un château l'autre, premier volet d'un cycle romanesque qui se présente comme une épopée hallucinée et fantastique à travers une Allemagne en flammes, et qui sera complété par Nord dès 1960. Suivent le Pont de Londres (posthume, 1964), qui relate la fin de son périple londonien, puis Rigodon, troisième volet des récits de l'après-guerre. Signalons aussi, parmi les romans publiés après la guerre, Casse-pipe, conçu dès 1936 comme une suite à Mort à crédit, et publiée en 1948, alors que Céline n'était pas encore rentré d'exil.
L'œuvre de Céline est donc dominée notamment par deux chefs-d'œuvre : Voyage au bout de la nuit (1932) et Mort à crédit (1936), ses deux premiers romans. Ces deux romans, comme les suivants, sont d'inspiration largement autobiographique.
Écrivain et personnage complexe, contradictoire, il ne laisse pas de soulever des débats passionnés, entre une œuvre admirable, résolument novatrice, et une idéologie qui reste associée au souvenir de l'un des plus grands crimes de l'histoire, et cet engouement ne sera pas altéré par sa mort en 1961.
[...] Parvenu à Copenhague après quelques pérégrinations, il est arrêté et incarcéré. Poursuivi par les autorités françaises sous l'inculpation de trahison, il séjourne en prison un peu plus d'un an puis reste en exil sur les bords de la Baltique jusqu'à son amnistie, en 1951. De retour en France, il s'installe définitivement à Meudon avec sa femme, la danseuse Lucette Almanzor. Il ouvre à nouveau un cabinet médical, tout en poursuivant sa carrière d'écrivain. En France, Céline tente de restaurer son image, mais il faut attendre 1957, après des parutions diverses passées inaperçues, pour qu'il resurgisse dans l'actualité littéraire avec D'un château l'autre, premier volet d'un cycle romanesque qui se présente comme une épopée hallucinée et fantastique à travers une Allemagne en flammes, et qui sera complété par Nord dès 1960. [...]
[...] Au milieu de l'action foisonnante, Céline, on le sent, est plus observateur qu'acteur, il subit. L'apothéose de cette farandole de nouveaux venus sera celle du Maréchal des Logis Rancotte, qui salue notre personnage d'un rot bien placé au milieu du visage. Forte personnalité, il entame tout de suite la conversation en injuriant à tout va, le Meheu en prendra pour son grade. Rires dans l'assistance. Puis l'attention se focalise à nouveau sur notre héros, il s'approche, renifle, et hurle le dégoût qu'il ressent. [...]
[...] Cette fois, Ferdinand n'a pas à chercher son argent, ses compagnons le feront pour lui. L'Arcille retourne chercher de l'alcool, revient, et se lance dans le récit nostalgique de l'histoire des mots de passe. Le fil de l'histoire est coupé lorsque l'abri cède sous le poids du crottin et ensevelit les hommes. Arrive alors le Meheu, saoul, qui va taquiner l'Arcille, suivi de près par le clou du spectacle : Rancotte, hors de lui lorsqu'il voit l'état des deux personnages, l'un ivre, l'autre tenant deux bouteilles en main. [...]
[...] La marche forcée sous la pluie incessante est hardie, et les moqueries du Meheu tombent aussi fréquemment que les gouttes sur le sol. La formation ne manquera pas d'asseoir les humiliations par des éclats sonores. Au bout de la marche on trouve la poudrière. Les choses sont bien organisées dans l'armée, un mot de passe permet de filtrer les prétendants à la possibilité d'entrer dans celle-ci. Toi, Kerdoncuf ! Tu le connais le mot ? Impossible de le retrouver ! Le Meheu explose dans une colère noire, injuriant Kerdoncuf de tous les noms. [...]
[...] Il les tire, les modifie, leur donne une dimension particulière. Voilà en quoi réside toute la poésie de l'œuvre de Céline (du moins de Casse-pipe). Bien que ses idées puissent être qualifiées de réductrices et méprisables, cet ouvrage, et je pense son œuvre, par ce style d'écriture unique, peut-être considérée comme l'une des plus inventives, et même brillantes du XXème siècle. Cette œuvre a donc une approche unique de la narration, du style, de la langue. Céline va nous raconter cette histoire d'une nuit avec ses mots, il nous exprime sa conception. [...]
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