(...) Chapitres 5 à 9
Le lendemain, c'est au tour de Ginès de Sépulvéda de prendre la parole. Le théologien n'hésite pas à condamner son adversaire qui, en terre conquise, est lui aussi coupable d'esclavagisme. Sur ces accusations, Las Casas déclare avoir pris conscience des ignominies commises et il prône une conquête pacifique.
Sépulvéda présente ensuite un argument de poids en invoquant le nom du Christ : C'est en son nom que les Indiens sont condamnés. Païens, sodomites, anthropophages, ignorants, immoraux, ils méritent leur sort. Afin d'illustrer son propos le théologien présente à l'auditoire une idole zoomorphe : le « serpent à Plumes ». L'assemblée ne peut contenir son dégoût.
Au cours du débat, deux colons qui sont entrés clandestinement dans le tribunal sont découverts. Ils témoignent en faveur de Sépulvéda (...)
[...] Le Légat prend l'initiative de présenter une famille indigène afin de la soumettre à un examen moral et physique approfondis. Si leur complexion parait en tout point semblable à celle des Colons, en revanche leur moralité est faillible. Ils méprisent le Catholicisme. Comment se fier à une foi imposée par le feu et le sang ? Les adversaires de De Las Casas trouvent là un terrain favorable à leurs thèses. Ce sont en effet des hommes, mais des êtres inférieurs. [...]
[...] Par ailleurs, si les Indiens cessent d'être esclaves, cela représenterait un coût énorme pour l'économie espagnole, et une perte de bénéfice assurée. La séance est levée. Le verdict sera rendu le lendemain. Chapitre 15 Le Légat, représentant du Pape et de l'Eglise, déclare que les Indiens sont des fils de Dieu. Dorénavant ils seront libres et devront être traités dignement. Toutefois, pour pallier aux pertes économiques, les esclaves indiens seront remplacés par des Africains. Las Casas s'offusque mais le Cardinal, lassé, coupe ses protestations. La controverse est close. [...]
[...] Pour De Las Casas, il ne fait aucun doute de leur humanité. L'amour maternel et filial qu'ils se témoignent suffit à le prouver. Après une interruption du débat, le Cardinal annonce l'arrivée de bouffons : le rire n'est-il pas le propre de l'homme ? Toutefois les pitreries du bouffon seront sans effets sur les Indiens. La discussion s'envenime entre les partis adverses. Afin de les calmer, le Cardinal s'interpose. Il tombe de l'estrade, provoquant immédiatement le rire de la famille. [...]
[...] JEAN-CLAUDE CARRIERE, LA CONTROVERSE DE VALLADOLID Chapitres 1 à Valladolid. Espagne. A la demande de Charles Quint un débat est organisé afin de démêler les problèmes engendrés par la conquête espagnole en Inde de l'ouest : les Indigènes sont-ils les fils de Dieu ou a contrario une création Diabolique ? Comment justifier les exactions des conquistadors ? La salle capitulaire du couvent des Dominicains sera le théâtre d'une controverse ardente où deux émérites vont s'affronter : d'un coté le théologien Ginès de Sépulvéda, auteur d'un ouvrage prônant l'infériorité patente des Indiens, de l'autre le Dominicain et humaniste Bartoloméo De las Casas, fervent défenseur de la cause indienne. [...]
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