Les Caprices de Marianne, Acte ll, scène 6, Alfred de Musset, dénouement
L'amitié avec Coelio est présentée par Octave comme la seule source de son bonheur ; l.5-7 : seule phrase où le « nous » apparait, renforcé par « ensemble », pour évoquer la réunion passée des deux amis (« longues soirées »), avec une valeur tragique (jamais plus), « sont comme de fraiches oasis dans un désert aride » : comparaison + antithèse + chiasme qui mettent en valeur la fraicheur, l'aspect : nourricier et même vital de l'amitié de Coelio dans le vide (« désert ») de la vie d'Octave.
[...] De la l.26 à 30 : Octave exprime son adieu, son renoncement aux plaisirs de la vie. Effet pathétique de l'anaphore adieu des exclamations, des accumulations de tous les plaisirs désormais perdus gaieté jeunesse insouciance, plaisirs multiples: repas sérénades mascarades ff femmes variété de ces plaisirs exprimée par les variations des lieux 1 ville/campagne et des décors : lumière/ombre) : le renoncement apparait comme d'autant plus grand et douloureux. Le lyrisme de ce passage tient a son écriture poétique : précision de certains détails qui font naitre des images dans l'esprit du lecteur au pied du Vésuve sous les balcons dorés a la lueur des torches et surtout musicalité née du jeu sur le rythme (accumulation de rythmes ternaires, sauf dans le dernier adieu a l'amour et l'amitié chute poignante) et du jeu sur les sonorités: effet de rimes (dorés/forêts/amitié), assonances ( a l.28-29, alternance on é l.28»29). [...]
[...] La métaphore de l'amitié comme liquide nourricier est ensuite filée: versé sur mon Cœur les seules gouttes de rosée l.7 (transparence, pureté, délicatesse, beauté associés a la rosée repris L13-14 verser dans une autre âme toutes les sources de bonheur (même image, mais intensifiée : des gouttes aux sources Une fois la source tarie, ne reste que la sécheresse, le vide (l.30 : ma place est vide sur la terre : immensité de ce vide ; terre s'oppose au ciel ou se trouve Coelio.) ` La relation Octave/Coelio est présentée comme exclusive 2 intense, excluant tout autre, comme le montrent les expressions Moi seul» l.1 et 3 (Octave seul pouvait comprendre Coelio: je connu l.1, point été un mystère et Lui seul I et 16 : seul Coelio était digne d'être aimé (l.13 tout ce que j'ai aimé sur la terre, tout ce que j'aimerai : parallélisme passé/futur qui montre l'aspect entier, éternel de l'amitié). Coelio est mort pour moi l.24: mort d'avoir cru l'amitié trahie. Coelio apparait comme la bonne partie de moi-même l.7 : une sorte de moitié, complémentaire et indispensable, d'Octave (le mythe platonicien, dans Le Banquet, selon lequel, l'homme serait a la recherche de sa moitie, dont il aurait été séparé, a l'origine, par Zeus). La mort (réelle) de Coelio aboutit donc a la mort (métaphorique) d'Octave : I. [...]
[...] Nouvelle allégorie de Coelio l.1-2: urne d'albâtre couverte de ce long voile de deuil parfaite image de Coelio. Le symbolisme est explicite l.3 : perfection, délicatesse, pureté exprimés par l'albâtre; mélancolie exprimée par le voile noir. Les éléments de la première scène sont repris (visage blanc, habit noir de Coelio) mais le ton a change : l'ironie d'Octave a disparu une douce mélancolie remplace cette gracieuse mélancolie remplacée par le pathétique et le tragique (expression du regret, rappel par le voile de deuil de la mort tragique de Coelio). [...]
[...] Les Caprices de Marianne, Acte ll scène 6 Comment s'expriment le pathétique et le tragique de ce dénouement ? Nous allons dans un premier temps étudier l'opposition entre Octave et Marianne, dans un deuxième temps l'évocation pathétique d'une amitié idéaliste, puis dans un troisième temps une reprise inversé du duo Octave et Coelio. l. l'opposition Octave et Marianne Octave oppose Coelio a chaque réplique de Marianne: Coelio sépare irrémédiablement Octave et Marianne, même après sa mort -et d'autant plus qu'il est mort. [...]
[...] L'idéalisme de Coelio n'est plus moqué, mais valorisé. La position de Coelio apparait comme un engagement un choix lucide préférait» 2 fois l.9, connaissait», savait l.8-9) : choix de rompre avec la médiocrité de l'époque homme d'un autre temps l.8 (idées de Musset sur le mal du siècle de rejeter les plaisirs (superficiels) et la réalité (médiocre) en leur préférant la solitude et les illusions : position du héros romantique. La valorisation de Coelio se fait aussi sur le plan moral (en opposition avec le mépris initial d'Octave pour les grands mots scène : éloge de son dévouement l.15, du sacrifice de sa vie a l'idéal (l.l6), de sa loyauté, sa bravoure, son honneur L.24 Coelio m'aurait vengé si j'étais mort pour lui Au début de la pièce, Octave valorisait sa vie de bouffon, de débauché en la présentant comme un défi à la société et une manifestation de sa liberté. [...]
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