Le soleil et la lumière sont omniprésents dans L'étranger. Ils y apparaissent dès le premier chapitre, lors de la veillée mortuaire (P. 17-19 dans l'édition Folio). Durant cette cérémonie, Meursault est « aveuglé par l'éclaboussement soudain de la lumière » que le concierge de l'asile vient d'allumer.
Celle-ci le dérange profondément, il va jusqu'à lui demander de l'éteindre tellement elle le trouble. La lumière est à l'origine d'un changement chez Meursault. Il souligne lui-même cette transformation (...)
[...] Elle lui ouvre les yeux sur l'absurdité de la vie. Elle l'importune, car il n'avait pas conscience de cette réalité auparavant. Elle vient troubler son quotidien. La lumière apporterait donc à Meursault la lucidité. Un autre épisode confirme cette hypothèse : celui de l'enterrement de la mère de Meursault (P.26-31 dans l'édition Folio). Le soleil est présent ce jour-là et brille de mille feux. Il rend également le monde étrange : Le soleil avait fait éclater le goudron. Les pieds y enfonçaient et laissaient ouverte sa pulpe brillante. [...]
[...] Une fois de plus, le soleil et la lumière lui font prendre conscience de l'absurde. Pourtant, dans le chapitre II, Meursault retombe dans ses habitudes. Il reprend son travail quotidien, il essaye de ne pas penser à ce qu'il vient de découvrir et tente de le refouler, comme si cela n'avait été qu'un rêve. L'absurde bouscule sa conception de la vie ainsi que les illusions dans lesquelles il a toujours baigné. Ce n'est pas évident à accepter. Si Meursault refoule l'absurde, le soleil reste présent pour lui rappeler son existence. [...]
[...] Il les trouve dérangeants parce qu'il laisse apparaître un monde étranger qu'il refuse de voir jusqu'à la fin du roman, car il lui est difficile de voir ses illusions s'envoler du jour au lendemain. Le soleil et la lumière apportent donc à Meursault la lucidité, concept essentiel dans la philosophie de l'absurde chez Camus. D'ailleurs, ce dernier utilise souvent le verbe éclairer dans Le mythe de Sisyphe, montrant qu'il accorde une certaine importance à la métaphore de la lumière qui éclaire l'homme aveugle l'homme berné par ses illusions. [...]
[...] Cependant, même après le coup de fusil, la lumière, le soleil et l'absurde sont toujours présents. Dans le bureau du juge d'instruction et lors de son procès, le soleil le poursuit. Le monde est également étrange, car, le jour de son procès, la femme bizarre réapparaît sans raison. Meursault continue à nier l'existence de l'absurde. Au terme de son procès, dans sa cellule, Meursault accepte enfin l'absurde. Contrairement au suicidé qui le rejette en mettant fin à ses jours, Meursault se réconcilie avec l'absurde. [...]
[...] Quand il va se baigner avec Marie, le soleil est plus tolérable. L'eau est un élément qui réduit les effets du soleil. Lorsque le soleil est trop intense et montre à Meursault ce qu'il n'a pas envie de voir, il part directement à la recherche d'eau. Dans le chapitre VI, relatant le meurtre de l'Arabe, le soleil redouble d'intensité. Ce jour-là, le soleil est très puissant, comme le jour de l'enterrement, mais l'eau est présente pour tempérer la force du soleil. [...]
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