Dès le début de son ouvrage, Caillois parle de la définition du jeu de Huizinga qui selon ce dernier est « une action libre, sentie comme fictive et située en dehors de la vie courante, capable néanmoins d'absorber totalement le joueur ; une action dénuée de tout intérêt matériel et de toute utilité ; qui s'accomplit en un temps et dans un espace expressément circonscrit, se déroule avec ordre selon des règles données, et suscite dans la vie des relations de groupes s'entourant volontiers de mystère ou accentuant par le déguisement leur étrangeté vis-à-vis du monde habituel. » (Johan Huizinga, Homo Ludens - Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, Gallimard, 1951, p.35). Cet historien de formation, s'intéresse plus particulièrement au rôle des jeux compétitifs ...
[...] Huizinga laisse l'entière responsabilité de la société et des individus entre les mains du jeu. Caillois, lui a la même approche anthropologique que Huizinga mais il va plus loin car il catégorise le jeu. Il définit le jeu comme une activité: libre, c'est-à-dire qu'elle cesse d'être un divertissement dès lors qu'elle est exercée sous la contrainte; séparée, elle est exécutée dans un espace-temps circonscrit et distinct de la vie courante; incertaine, dont le déroulement ne saurait être déterminé ni le résultat acquis par avance; improductive, ne créant ni biens ni richesses; réglée, soumise à des conventions qui suspendent les lois ordinaires; et fictive, c'est-à-dire accompagnée d'un sentiment très net d'irréalité par rapport à la vie courante. [...]
[...] Mais lorsque le rideau tombe, les lumières éteintes, il est rendu au réel (Caillois, Les jeux et les hommes, Gallimard, Paris, p.105). Une fois le spectacle terminé, l'individu doit revenir à la réalité et se préoccuper de ses soucis quotidiens. Les quatre catégories de jeux (agôn, alea, mimicry et ilinx) sont, dans la seconde partie de l'œuvre, réunies deux à deux. Six combinaisons, dont deux fondamentales (agôn aléa et mimicry ilinx) permettent à l'auteur de nous exposer un développement des civilisations. [...]
[...] Même s'il n'est pas impossible que le jeu puisse prendre ses origines dans des comportements encore plus anciens et dépasser ainsi le cercle simplement culturel, il est tout a fait intéressent de tenter le «diagnostic d'une civilisation à partir des jeux qui y prospèrent particulièrement. En effet, si les jeux sont facteurs et images de culture, une époque peut être caractérisée par ses jeux. Ils en traduisent nécessairement la physionomie générale et apportent des indications utiles sur les préférences, les faiblesses et les forces d'une société donnée à tel moment de son évolution. [...]
[...] Il va bâtir sa théorie à partir des jeux utilisés dans ces sociétés. ETAPES PRINCIPALES ET PROGRESSION DU RAISONNEMENT : L'œuvre de Caillois est divisée en deux grandes parties. Au début de la première partie, il élabore sa propre définition du jeu en s'appuyant sur celle de Huizinga. A partie de sa définition, il va élaborer une classification car la multitude et la variété infinies des jeux permettent de les répartir tous entre un petit nombre de catégories bien définies (Caillois, Les jeux et les hommes, Paris, Gallimard, p.45). [...]
[...] Ainsi, la culture naît sous forme de jeux de compétitions, mais repousse le jeu peu à peu à l'arrière-plan de la civilisation, cristallisée dans le sacré, la poésie, la politique. Huizinga, dans son œuvre Homo Ludens montre donc le rôle du jeu dans toutes les sociétés. Son approche est anthropologique. Pour lui, les rites, le sport, les cérémonies cultuelles, la justice, la guerre et même l'art sont avant tout des jeux. Le jeu ne répond plus aux besoins de l'individu mais il crée les institutions pour y répondre à sa place. [...]
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