Buzzati fut un romancier, nouvelliste, dramaturge, et un peintre italien, alors qu'il avait débuté par une carrière de journaliste - il a été correspondant de guerre - qu'il poursuivra jusqu'à sa mort.
Son oeuvre a été marquée par l'influence de celles de Kafka et de Dostoïevski, mais aussi par les philosophies existentialistes
[...] Le temps : C'est sans doute le plus grand personnage de ce roman. Si l'on observe une immobilité apparente du temps, c'est pour mieux rendre perceptible de façon obsessionnelle son écoulement inéluctable. Ici le temps n'est plus dominé ni perçu, car l'attente tue le temps. C'est une sorte de temps cynique, matérialisé par la construction du roman, qui utilise trois types de récit; les moments où l'histoire coïncident avec le temps, comme dans les situations initiale et finale; les prolepses, très nombreuses, qui évoquent des pressentiments, des méditations, qui traduisent des bonds en avant, et qui dévorent le temps gâché de l'immobilisme : Bien des jours passeront avant que Drogo ne comprenne ce qui est arrivé. [...]
[...] ou! . A . ou! . A . ou! . Elle se manifeste aussi sur le plan formel et stylistique, par les anaphores et les parallélismes, par exemple dans le début du chapitre X. Elle est présente dans le battement du cœur de Drogo, p.81 : Toc toc. [...]
[...] Les autres ont des occupations, construisent, voyagent, se marient, tandis que lui attend. Même sa mère, qui jadis s'éveillait au bruit de ses pas lorsqu'il rentrait tard la nuit, a perdu cette habitude, parce que l'absence tue aussi cela. Il y a aussi un motif qui annonce ponctuellement dans le roman cette fuite progressive vers le néant, c'est le cheval. Son comportement est négatif, prémonitoire et cynique. D'abord il est souvent fatigué, déjà fourbu dès le premier chapitre, lorsque Drogo rejoint son affectation, ce n'est pas un cheval de héros. [...]
[...] Ainsi sa passivité se transforme rapidement en fatalité, dès le premier chapitre, avec cette phrase prémonitoire : une pensée tenace qu'il ne parvenait pas à définir, comme le vague pressentiment de choses irrévocables, presque comme s'il eût été sur le point d'entreprendre un voyage sans retour Drogo est ainsi un personnage qui interroge, dans tout le roman, un homme qui attend des réponses des autres, ses semblables qui occupent le fort, eux aussi coupés de toutes racines familiales et sociales, et qui ne lui apportent que des rumeurs et des témoignages peu crédibles. Il y a ainsi une force d'autosuggestion chez ce personnage, que rien ne peut arrêter : Où donc Drogo avait-il déjà vu ce monde? Y avait- il vécu en songe ou l'avait-il construit en lisant quelque antique légende? Il lui semblait le reconnaître . [...]
[...] Buzzati les fait évoluer dans un espace grandiose, ce fort devant un désert, mais c'est un espace absolument vide, un espace de silence et de mort, avec des êtres confinés dans ce lieu oublié pour une existence inutile. Tout cela n'a aucun sens. Le caractère itératif de la narration, au sens où l'entend G. Genette, vient renforcer cette imposture du vécu, de même que la scansion de l'habitude, par exemple dans les pages 75 et 76 du chapitre dix, avec l'anaphore de ce mot au début de cinq paragraphes. Enfin il y a la solitude, constamment évoquée comme la mort par un lexique extrêmement riche : . [...]
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