Des hommes ordinaires est un ouvrage historique rédigé dans les années 1990 suite à des recherches effectuées en Allemagne par l'auteur. Il s'appuie essentiellement sur les témoignages d'hommes ayant fait partie du 101e bataillon de réserve de l'Ordnungspolizei (une unité de police régulière du 3eme Reich) recueillis par la justice allemande à l'occasion de l'enquête effectuée au cours des années 1960. En effet, cette unité a été une des rares à avoir fait l'objet d'une enquête judiciaire ayant donné lieu à un procès (...)
[...] Il explique également que les hommes du 10rme bataillon possédaient les valeurs d'avant 1933. Ils n'ont pas adhéré aux valeurs du national socialisme, ils n'ont pas été endoctrinés comme auraient pu l'être des hommes jeunes, n'ayant connu aucune autre norme. Ils voulaient donc être des agents du génocide ils voulaient participer aux massacres, ils tuaient pour le plaisir justement parce qu'ils étaient antisémites. Ils n'ont pas eu besoin du national socialisme et d'Hitler pour l'être. Browning argumente contre cette seule explication en rappelant les massacres d'handicapés, d'intellectuels, d'opposants au régime auxquels de nombreux volontaires ont participé. [...]
[...] Or les hommes du 101eme bataille sont plutôt vieux donc pas concernés. De même, vu leur âge, ils ont connu un autre système de valeur, d'autres normes politiques, sociales que le nazisme, ils sont donc moins réceptifs à l'endoctrinement et ont pu avoir plus de recul sur la politique qu'on leur demandait de mettre en œuvre. Ainsi, la propagande antisémite massive dans la société et l'endoctrinement plus spécifique de la police ont pu avoir une influence sur leur esprit, les persuader de la supériorité de leur race, mais non les préparer à tuer des Juifs. [...]
[...] Il existe également un phénomène de refoulement et de projection. L'ouvrage a généralement reçu de bonnes critiques. Cependant, un autre auteur, Daniel Jonah Goldhagen a énormément critiqué cet ouvrage. Il a également travaillé sur ce sujet et écrit un livre en s'appuyant sur les mêmes sources que Christopher R. Browning: les témoignages des hommes du 101eme bataillon. Goldhagen critique l'ouvrage sur deux points principaux : - le rôle de l'antisémitisme dans l'histoire allemande ; - la motivation des hommes ordinaires. [...]
[...] Partout les gens souhaitent faire carrière. Dans toute société moderne, la complexité de la vie, la bureaucratisation et la spécialisation qui en résultent atténuent le sens de la responsabilité personnelle de ceux qui sont chargés de mettre en œuvre la politique des gouvernements. A sein de tout collectif, le groupe des pair exerce de formidables pressions sur le comportement de l'individu, et lui impose des normes éthiques. Alors si les hommes du 101eme bataillon de réserve de la police ont pu devenir des tueurs, quel groupe humain ne le pourrait pas ? [...]
[...] Ils étaient des réservistes, quadragénaires et pères de famille. Originaires pour la plupart de Hambourg, ville plutôt hostile au régime nazi, ils étaient issus de milieux peu perméables à l'idéologie du 3ème Reich : 63% d'ouvriers et 35% d'employés. On est donc loin de l'image du tueur raciste, fanatisé dès son enfance. De plus, compte tenu de leur âge, ils ont connu auparavant d'autres normes, une autre idéologie que celle du national socialisme et un autre régime que le nazisme. [...]
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