Cet ouvrage conclut un travail de mise en image du cas Eichmann, engagé en 1994. A travers le procès, les auteurs mènent une vraie réflexion sur la responsabilité (celle d'Adolf Eichmann et celle des conseils juifs), telle que la soulève Hannah Arendt dans son ouvrage Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal publié en 1953. Ils étudient la soumission à l'autorité comme instrument de la barbarie au sens où elle permet de déléguer sa responsabilité, ainsi que les usages politiques de la mémoire (...)
[...] mit d'ailleurs ces derniers en accusation, indiquant que les juifs avaient, à travers eux, contribué à leur propre destruction. Remplaçant les institutions juives, la première organisation centralisée de ce type fut créée dès 1933 en Allemagne mais n'aidait alors qu'à l'émigration des juifs hors d'Allemagne. Elle perdit progressivement toute autonomie, passant ensuite sous contrôle de la Gestapo. Ce modèle fut ensuite étendu à la majeure partie des Etats européens. Les auteurs n'accusent pas les membres de ces conseils de franche collaboration. [...]
[...] Selon les auteurs, Ben Gourion voulait démontrer qu'Israël était le seul lieu sur terre où les juifs pouvaient vivre en sécurité 2 Celle du kibboutz, utopie socialisante généreuse (cf. Herzl), engagée bien avant la guerre de 40. et voyait ce procès comme un moyen d'empêcher les arabes d'exterminer les survivants3. Ceci fut le début de cette rhétorique de la persécution critiquée aujourd'hui par beaucoup. Ce procès marqua un tournant. Il fut conçu comme un spectacle et eut un retentissement international. [...]
[...] Pour la première fois depuis la fin de la guerre, on permit pendant ce procès aux victimes de s'exprimer pour témoigner de la responsabilité totale d'A. Eichmann. Pourtant, ceci est historiquement faux. On voulait faire d'Adolf Eichmann un symbole, ce qu'a beaucoup critiqué H. Arendt. En faisant des juifs des victimes absolues (et d'Eichmann un coupable absolu) et en transférant cet événement dans le registre du sacré, on selon les auteurs, dépolitisé l'événement et interdit toute tentative d'analyse. On ambitionnait de rendre inconcevable ce qui avait été conçu par des hommes, comme on voulait occulter la collaboration des conseils juifs. [...]
[...] À propos d' Un spécialiste Adolf Eichmann, Éditions le Pommier (poche) p. Présentation des auteurs Rony Brauman est médecin généraliste et spécialiste de médecine tropicale et d'épidémiologie. Président de Médecins sans frontières (MSF) de 1982 à 1994, son expérience l'a conduit à mener une réflexion lucide sur l'action humanitaire et sa possible manipulation par le pouvoir politique. Il est aujourd'hui professeur associé à Sciences Po Paris mais effectue toujours des missions de formation et d'évaluation pour MSF. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages comme celui sur les dilemmes posés par l'engagement humanitaire (Humanitaire, le dilemme en 1996) ou le génocide perpétré au Rwanda (Devant le mal. [...]
[...] Mais cette exagération, comme le terme biblique de Shoah nuisent à la tentative de compréhension du phénomène. Dans l'ouvrage, on comprend qu'il importe peu qu'Eichmann n'ait probablement pas voulu faire le mal et ait même désapprouvé la politique d'extermination. Ce qui importe, c'est qu'il l'ait fait consciemment et que du fait de son action, des millions de personnes périrent dans les camps. Il a commis ce qu'on appelle un crime de bureau difficile à juger car la responsabilité individuelle est ici floue et se mêle à la responsabilité collective. [...]
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