Vivien Bouhey est docteur en Histoire contemporaine. Il enseigne l'Histoire et la Géographie au lycée Saint-Louis de Gonzague à Paris et assure les cours d'Histoire contemporaine en Prépa. Sciences Po. d'été au lycée Lakanal à Sceaux. Vivien Bouhey a soutenu sa thèse Les Anarchistes contre la République : contribution à l'histoire des réseaux sous la Troisième République (1880 à 1914), le 29 juin 2006 à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris X). Il faut souligner que la version de soutenance de la thèse de Vivien Bouhey représente deux volumes qui comprennent environ 1300 pages. La version publiée est un volume de 491 pages, ce qui implique une sélection draconienne des propos, de ne garder que l'essentiel afin de ne pas dénaturer le travail de thèse. Cette publication est néanmoins une adaptation très fidèle de sa thèse de doctorat.
Dans quel champ historiographique se situe cette thèse ? Quelles sont les sources et les méthodes que l'auteur utilise pour démontrer la pertinence de sa démonstration ?
Dans un premier temps, nous étudierons le champ historiographique de cet ouvrage et la problématique proposée par l'auteur, dans un deuxième temps nous verrons les grandes étapes de sa démonstration, et pour finir nous étudierons ses méthodes et les sources qu'il a utilisées.
Dans la préface de cette thèse publiée, Philippe Levillain rattache Vivien Bouhey aux historiens qui l'ont précédé comme Jean Maitron (1910-1987), Jean Bouvier (1920-1987), Jean-Pierre Machelon (né en 1945), Jacques Droz (1909-1998), Philippe Vigier (1924-1995).
Jean Maitron était un historien spécialiste du mouvement ouvrier et de l'anarchisme. Il a écrit une Histoire du mouvement anarchiste en France 1880-1914 (1951), Ravachol et les anarchistes (1964) et Le Mouvement anarchiste en France (1975). Jean-Pierre Machelon est un professeur de droit français, spécialiste de droit public. Il a écrit La République contre les libertés ? (1979). Dans son introduction Vivien Bouhey fait référence à André Nataf qui a écrit La vie quotidienne des anarchistes 1890-1910 (1986). Le but affiché de Vivien Bouhey est de "ressusciter un débat mort-né". Les anarchistes sont les ennemis de toute autorité et de toute hiérarchie. Jusqu'à aujourd'hui, la thèse admise par les spécialistes de l'anarchisme, lorsqu'ils décrivent les structures du "mouvement" anarchiste, est celle de l'organisation minimale (...)
[...] Il signale entre autre qu'elle mentionne souvent des travaux universitaires non-publiés, car ce sont eux qui donnent les perspectives les plus intéressantes et les plus novatrices. La bibliographie présente dans la version publiée est divisée en plusieurs parties Instruments de travail, Le mouvement anarchiste en France et les anarchistes français à l'étranger, Autour de l'action engagée par les anarchistes contre la République. Ces trois grandes parties sont elles-mêmes subdivisées en plusieurs sous-parties qui permettent au lecteur d'aller directement aux ouvrages complémentaires susceptibles de l'intéresser sans être obligé de parcourir la bibliographie en entier. [...]
[...] Elle a pour but de remettre en cause la morale bourgeoise, de lutter contre le devoir civique, de s'attaquer à l'ordre social existant. La propagande par le fait vise à éduquer et à rallier au mouvement les classes laborieuses et dangereuses tout en terrorisant le bourgeois. Au début des années 1890, les effectifs anarchistes se développent encore. La croissance du mouvement anarchiste a provoqué une réaction de la part des autorités. Le mouvement anarchiste vieillit, mais une minorité de jeunes a été attirée par l'antimilitarisme du mouvement. [...]
[...] L'anarchisme comme courant de pensée historiquement daté est né avec Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Au début des années 1880, le mouvement anarchiste vient officiellement de naître au Congrès du Centre. Ce mouvement est né des mutations socio-économiques dues à la révolution industrielle. Les compagnons sont alors peu nombreux. Il existe trois catégories de foyers anarchistes : les grands pôles du mouvement comme Paris ou Lyon, des foyers secondaires comme Lille, Saint-Étienne ou Marseille et enfin des foyers où l'on ne trouve que des groupuscules comme à Reims ou Dijon. [...]
[...] Ces archives privées permettent de contrebalancer la vision des sources policières. La conclusion résume l'ouvrage pour mettre en avant ses découvertes sur les évolutions du mouvement anarchiste. La conclusion est en cohérence avec les objectifs annoncés en introduction. Elle correspond aux grandes directions de travail que s'était fixé l'auteur. Il répond aux questions qu'il s'était posées qui concernent le recrutement des anarchistes, le fonctionnement du mouvement, les théories anarchistes. Il explique clairement les évolutions du recrutement et du fonctionnement du mouvement. [...]
[...] Vivien Bouhey propose un renouvellement du cadre méthodologique de l'historiographie anarchiste grâce au concept de réseau. Les bornes chronologiques sont judicieusement choisies. Les années 1880 correspondent à la naissance du mouvement, à un engouement pour les idées anarchistes, à une augmentation du nombre d'anarchistes et à une multiplication des foyers anarchistes en France qui voit le début de la Grande Guerre, voit aussi la dissolution du mouvement anarchiste. Malgré les fortes campagnes antimilitaristes menées par les anarchistes les années précédentes, beaucoup d'entre eux se rallient au parti de la guerre. [...]
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