Les deux personnages masculins du récit, Wolf et Lazuli, tout deux ingénieurs, ont conçu une machine aux propriétés mystérieuses en début de récit. Le récit s'ouvre sur la finalisation de la conception de cette machine que Wolf ne tardera pas à essayer. Au fil du roman, on découvre une machine dangereuse dont l'utilisation permet de remonter le temps ou plutôt de revenir sur sa vie passée et ses souvenirs, tout au long d'interrogatoires burlesques, amusants, voir parfois émouvants ou totalement ridicules avec des personnages imaginaires, certainement fruits de l'imagination de Wolf, l'utilisateur de la machine.
[...] La machine, un personnage ? : La machine, simplement nommée, n'est pas une simple machine à remonter le temps. En effet, si certaines analyses littéraires de L'Herbe rouge la traitent comme telle, elle ne sert pas à revivre le passé, et ne le permet pas. En réalité cette construction de Lazuli et de Wolf permet à son utilisateur de mener une véritable introspection de lui-même, en le guidant, grâce à des personnages hauts en couleur et parfois fortement stéréotypés, de se remémorer les étapes importantes de sa vie. [...]
[...] A chaque introspection, on en découvre un peu plus sur lui-même, et les guides qui l'accompagnent (Léon Abel Perle ou encore Monsieur Brul) dans ses réflexions lui permettent de se remémorer souvenirs, réussites et échecs. Cependant, mettant plus l'accent sur les échecs dont il a été l'auteur, Wolf s'enfonce peu à peu dans une amertume et une mélancolie que l'on voit s'accroître au fil de la lecture. Faut-il ici faire un parallèle avec les propres inquiétudes et regrets de Boris Vian ? De nombreuses analyses littéraires de l'œuvre de Boris Vian permettent en effet de détecter certains indices autobiographiques. [...]
[...] L'ouvrage n'est pas seulement une provocation dans l'air du temps, mais traite du racisme, de la violence et de la sexualité tels que les voyait l'auteur, ce qui provoque alors à l'époque un scandale parmi la population puritaine française. On condamnera d'ailleurs Boris Vian en 1950 pour outrage aux bonnes mœurs. Trompettiste doué, il joue dans des boîtes bientôt célèbres comme Le Tabou. On lui prête également le rôle de parolier : il compose en effet pour Reggiani ou encore Juliette Grecco. [...]
[...] On peut considérer qu'au cours de l'utilisation de la machine, la mélancolie et les regrets de ce personnage vont croissantes. Plus que de créer un certain sentiment de mélancolie ou même de découragement, à force d'utilisation la machine va même jusqu'à rendre fou Wolf et lui inspirer des sentiments meurtriers. Ceci est suffisamment illustré par le récit du meurtre du gardien de la guérite sur lequel Wolf s'acharne violemment et sans remords à la fin du roman. Analyse de l'ouvrage et des thèmes abordés par l'auteur Machine et champ des souvenirs Wolf navigue ainsi grâce à une machine qu'il a conçue avec son ami Lazuli au sein de la toile infernale de ses souvenirs, aidé et poussé dans son introspection par des personnages caractéristiques, voire stéréotypés (on pense notamment aux deux vieilles filles), suivant un plan défini à l'avance. [...]
[...] Boris Vian est également connu pour être l'un des auteurs les plus en vogue de la vie de St-Germain des Prés. Il fréquente ainsi le Flore ou les Deux Magots sur la rive gauche où il rencontre Jean Paul Sartre (dont il fera le pastiche sous les traits de Jean Sol Partre dans l'Ecume des Jours), mais aussi de Simone de Beauvoir ou encore Raymond Queneau (Le vol d'Icare, Zazie dans le métro) et Marcel Mouloudji, acteur (Ménilmontant, Trois Femmes). [...]
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