Le premier grand magasin est né à Paris en 1852, au tout début du Second Empire (1852-1870) : construite en 1838, la boutique Au Bon Marché a été transformée une dizaine d'années plus tard et on la connaît aujourd'hui encore sous le nom Le Bon Marché. Les grands magasins ont très vite rencontré un succès et de nouvelles enseignes ont alors été créées : on peut citer Le Printemps, inauguré en 1865, ou encore La Samaritaine, fondée en 1869.
Ces nouveaux temples de la consommation moderne s'adressaient à la bourgeoisie : ils proposaient des marchandises à prix fixes fabriquées en grand nombre grâce aux avancées de la révolution industrielle. Les prix fixes étaient une première, mais la création de plusieurs grands magasins a engendré toute une politique commerciale stratégique qui n'avait jamais été vue jusqu'alors : les campagnes de réclames et les guerres des prix sont en effet nées à cette époque, sous l'influence de la concurrence qui est née entre les différentes enseignes, et la mise en scène des
marchandises dans les différents rayons a également vu le jour à ce moment-là. Car ce n'étaient plus seulement des produits qu'on proposait aux clients, mais bien le désir d'acheter lui-même.
[...] Le baron Haussmann et la transformation de Paris Au Bonheur des Dames nous permet également de revenir sur les profondes modifications qu'il y a eues dans la capitale sous le Second Empire. Au milieu du 19ème siècle, Paris n'était encore qu'une ville à l'allure moyenâgeuse, mais Napoléon III, impressionné par l'hygiène et l'urbanisme très moderne de Londres, décida de remédier à cela : avec le projet intitulé Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie il ramena les classes sociales privilégiées vers le centre et repoussa le bas peuple en périphérie. [...]
[...] Au Bonheur des Dames d'Émile Zola: de la naissance d'une nouvelle politique commerciale à la métamorphose de Paris Si le 11ème roman de la saga des Rougon-Macquart paraît beaucoup moins dramatique que d'autres titres très connus comme Nana ou La bête humaine, il n'en demeure pas moins que ce livre paru en 1883 traite d'un changement capital survenu sous la Second Empire, à savoir l'essor des grands magasins. Loin d'être anecdotique, cette innovation a profondément transformé Paris et elle a bouleversé comme jamais les habitudes des Français et leur rapport à l'argent, à l'emploi et à la consommation. [...]
[...] L'essor des grands magasins a grandement contribué à la métamorphose de Paris. Il fallait en effet loger les nombreux employés qui travaillaient dans ces boutiques et cela a contribué à la mutation des nouveaux quartiers commerciaux. Les petits commerçants, quant à eux, se sont retrouvés d'autant plus lésés par les travaux du baron Haussmann : comme leurs boutiques se trouvaient dans des rues moins accessibles que les larges artères où se trouvaient les grands magasins, ils perdirent encore plus de leur poids dans la vie parisienne. [...]
[...] C'est le baron Haussmann qui s'est retrouvé en charge de ces grands travaux : préfet de la Seine de 1853 à 1870, il a écrit à Napoléon III au sujet de l'exclusion de la classe populaire en dehors du centre qu'il fallait accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres [ . ] comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion des ouvriers de la province Connu pour son culte de l'axe et des lignes droites, il fit détruire de nombreux bâtiments pour en faire construire de nouveaux, tous semblables, dans l'esprit de l'esthétique du rationnel. On estime aujourd'hui que le chantier haussmannien aurait transformé 60% de la capitale. [...]
[...] Car si l'ascension sociale offerte par le capitalisme moderne a depuis montré ses limites, elle était, sous le Second Empire, quelque chose d'inconnu encore qui laissait alors place aux rêves les plus fous. Si la situation a bien changé, on notera toutefois l'intérêt tout particulier de ce livre qui nous permet de découvrir comment sont nées certaines des méthodes commerciales que nous connaissons encore à notre époque dans laquelle le désir de consommer occupe toujours une place plus importante que le produit en lui-même. [...]
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