Blaise Cendrars, L'Or, village folklorique, personnage de Suter, récit légendaire
Avant de publier son premier roman L'Or, Blaise Cendrars (1887-1961) était jusqu'alors connu pour ses poèmes (La prose du transsibérien). L'Or a été écrit au retour du premier voyage de Cendrars au Brésil (1924), il a été publié en 1925 sous le nom de « L'Or ou la merveilleuse histoire du général Johann August Suter ».
Suter est un personnage réel, qui a fait fortune en Californie dans la première moitié du XIXème siècle grâce à l'agriculture avant d'être ruiné par la Ruée vers l'or. Toutefois, le sous-titre, « la merveilleuse histoire » inscrit le personnage aussi dans la légende. Ainsi, Cendrars, n'écrit pas une biographie, mais un récit légendaire, une geste épique. Suter est un héros marqué par le destin.
[...] Le verbatim est introduit par la forme présentative voici suivie du lieu et de l'heure à la façon d'un document officiel. Cela donne un poids réaliste à la scène. Mais elle met aussi en lumière l'absurdité totale de la situation et son caractère comique. Le dialogue tourne en rond, les deux dernières répliques répétant les précédentes. Le contenu est donc maigre. Ces deux dernières répliques montrent aussi l'étroitesse d'esprit du secrétaire de police Kloss qui réitère son refus. Conclusion : C'est un début de roman à la fois traditionnel et mystérieux puisque rien n'est connu des intentions de Suter. [...]
[...] II/ Dans ce texte, on a la naissance du héros. Cendrars montre le dynamisme du héros. Les mouvements de ce dernier sont nombreux, souvent vifs, et liés à l'éloignement : - foula de ses longues jambes crée un effet d'amplification avec fouler dont le sens est «marcher avec violence qui donne une impression de force. Le verbe montre donc la détermination du personnage de même que de ses longues enjambées qui contribue à la force de l'action. L'expression entière insiste donc sur la force du personnage. [...]
[...] C'est un village traditionnel, organisé autour de sa place. On voit l'attention passionnée du village aux faits et gestes du personnage de Suter. Toutes les étapes sont étudiées : bientôt du coup puis De même, les accessoires de l'étranger, pourtant banals, sont détaillés : le chapeau, le foulard. De façon comique, même le foulard est rejeté comme exogène : il vient d'Alsace. Par ailleurs, on note la présence du champ lexical des apparences avec on vit et semblait La montée de la rumeur se voit dans le bruit se répandit bientôt que le verbe pronominal montrant son caractère général - c'est une rumeur qui se propage toute seule, à partir de ce que le syndic a dit. [...]
[...] L'étranger ne pourra donc pas partir en ne prenant aucun risque. Cendrars évoque ici une curieuse situation : l'étranger c'est celui qui n'est pas d'ici mais Runenberg montre comment on peut être un étranger d'ici, c'est- à-dire personne ni d'ici, ni d'ailleurs par conséquent, puisqu'il ne peut y avoir de passeport. Le dynamisme est lié à la modernité du style avec des répétitions et la brièveté des phrases notamment. Sa nature radicalement différente est soulignée par les répétitions du mot étranger à quelques mots d'intervalle : on vit l'étranger. [...]
[...] C'est simplement une apparition puis une disparition. Nous connaissons seulement son nom, celui du personnage mentionné dans le sous-titre. On voit d'ailleurs une invention dans l'écriture qui renvoie au travail de Cendrars, poète, auteur de récits de voyage : la variété des styles selon le projet et la rapidité du style, loin du roman du XIXème siècle en sont révélateurs. Ses phrases souples et le flux alerte et rapide qu'elles composent conviennent parfaitement au tempérament d'un homme qui, jusque dans les événements les plus ordinaires de la vie, reste un conducteur d'épopée. [...]
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