Les Belles Endormies, Yasunari Kawabata, Fiche de lecture
Ce document est une fiche de lecture composée de 2 parties : un résumé de l'oeuvre, puis une analyse (en plusieurs parties) de l'oeuvre.
« Les Belles Endormies »
Yasunari Kawabata (1899-1972)
[...] Sa rencontre, la valise qu'elle avait rangée alors qu'il dormait. L'avant-dernière visite qu'Egushi rendit à la maison du souvenir fut triste. Des visions de suicides et des envies d'assassinat effleuraient son esprit. La fille était bizarre, son odeur, clé des souvenirs, était forte, peut-être trop forte. Une impuissance à la réveiller, des idées d'atrocités laissèrent de cette visite un goût amer dans sa gorge. Le jour de l'an était passé lorsqu'Egushi rendit son ultime visite à la chambre tendue de velours rouge. [...]
[...] La sensation pure Les Belles Endormies s'inscrit parfaitement dans la lignée de cette recherche. L'utilisation de l'érotisme dans ce qu'il a de plus ambigu et de plus extrême (la réduction du corps de l'autre à l'objet) et de plus délicat et sensible à la fois (son utilisation en tant que clé privilégiée des sentiments d'un vieillard) fait de ce roman l'œuvre la plus délicate et la plus attachante de toute la littérature érotique. La lente transformation de l'état d'esprit d'Egushi qui, d'une attitude agressive, évolue progressivement vers la fascination de l'autre d'abord, et de soi-même et de son passé ensuite, va doucement l'amener à s'accepter tel qu'il est. [...]
[...] Kawabata a prouvé qu'il était possible de traduire la sensation pure, le sentiment esthétique en employant la palette des sentiments humaines sans jamais tomber dans le piège du sentimentalisme. Le 16 avril 1972, dans un appartement en bord de mer, non loin de sa maison, Kawabata se donnait la mort. Nous ne saurons jamais ce qui motiva son geste. Etait-ce une recherche de l'esthétique poussée dans ses ultimes retranchements ? [...]
[...] Egushi passa cette dernière nuit au côté de deux endormies. La première, aux lèvres fardées, l'entraîna à la poursuite d'un baiser, voilà plus de quarante ans. Mais le souvenir fut de courte durée, le vieillard étant un peu dégoûté de la maison. Se tournant vers l'autre jeune fille, il tenta de comprendre leurs motivations. Et s'il mourait au milieu d'elles ? N'est-ce pas ce qu'il pourrait désirer de mieux ? Sa dernière femme et la première ? Le visage de sa mère lui apparut subitement, pour disparaître aussitôt. [...]
[...] Une fois étendu auprès de son endormie, sa première réaction est de la détailler, de vouloir la réveiller. Grâce à une pratique constante des plaisirs, Egushi n'a pas encore sombré dans l'horreur d'être vieillard, et tente vainement de se persuader de son bon droit. Mais bien vite, devant la vanité de ses efforts et la fascination qu'il éprouve face à ce corps de nacre, son attitude se modifie. La vue d'un sein, son odeur provoquent une vague de souvenirs lointains : son premier enfant, l'odeur de nourrisson Et de ces souvenirs naissent les interrogations Le vieil Egushi n'avait jamais pensé qu'il puisse revenir une seconde fois. [...]
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