Bel Ami, portrait de Duroy, Guy de Maupassant, prédateur, frustration, animalité, immoralité, misère humaine, satire sociale
Extrait du roman Bel Ami de Maupassant, ce texte se présente sous la forme d'une pause descriptive nous donnant à découvrir le portrait de Duroy, un homme tiraillé par une soif qu'il ne peut satisfaire faute d'argent. L'extrait est construit autour de la sensation de frustration du personnage. Comment procède Maupassant pour peindre la condition humaine ?
[...] Quant à l'analepse qui procède par rétrospection et relate un événement après le moment où il devait se situer, elle a bien sûr un rôle explicatif puisqu'en opérant un retour en arrière elle vient livrer un épisode de la vie de Duroy. Mais, elle revêt aussi une dimension symbolique parce qu'elle permet à Maupassant de mettre en évidence un exemple de dérapage lié à la perte des valeurs morales remplacées par celle de l'argent, de la possession. Extrait du roman Bel Ami de Maupassant, ce texte offre une peinture de la condition humaine. En effet, il s'agit du portrait de Duroy, un dangereux prédateur comme le prouvent sa frustration, son animalité et son immoralité. [...]
[...] Il suit le point de vue du personnage. La focalisation interne conduit à une restriction du champ qui resserre la source de perception et d'information à ce que voit, sait ou dit (discours direct) le personnage. En effet, le texte est à la 3ème personne du singulier (pronom personnel adjectif possessif nom propre "Duroy") et l'accent est mis sur la sensation du personnage : "l'envie de boire lui séchait la gorge / Une soif le tenait / il pensait à la sensation / Une colère l'envahissait". [...]
[...] D'ailleurs, le registre familier et les phrases exclamatives tendent à le confirmer. L'art de Maupassant est donc de rendre l'instantanéité de la sensation sans la figer - Toucher : la misère humaine La peinture de la misère dans laquelle se trouve Duroy, au début du texte, suscite la pitié du lecteur qui s'assimile au personnage et ressent sa détresse, sa frustration. En insistant sur la banale réalité quotidienne (imparfait d'habitude) de Duroy, devant sans cesse résister à la soif qui le tiraille, l'auteur cherche à attirer notre compassion. [...]
[...] Cette profusion de termes, souvent inclus dans des énumérations, caractérise l'obsession pécuniaire du personnage. Duroy tire d'actions immorales une grande jouissance. D'ailleurs, la remémoration (retour en arrière au plus-que-parfait) de son aventure africaine est apparentée à un simple "souvenir d'une escapade" nullement traumatisante, autrement dit à un épisode plutôt anecdotique qui suscite des réactions plaisantes ("sourire cruel et gai" et "de quoi rire"). L'adjectif "cruel" tend à insister sur ce bien-être que ressent Duroy à faire le mal et à agir en marge des règles morales. [...]
[...] Ce texte repose sur une isotopie du manque rendu sensible à travers la frustration liée à la soif et à la faim, l'absence de compagnie (solitude de Duroy, société égocentrique) et le besoin récurrent de possession (le vol). En liaison avec la montée de l'individualisme bourgeois, le roman du XIXème siècle donne à voir un héros aux prises avec la société où il évolue. Certes, il distrait par le caractère romanesque des aventures qu'il raconte, mais il conquiert aussi sa légitimité en montrant qu'il sait également être utile et sérieux, par son ambition de proposer au lecteur une réflexion sur le monde qui l'entoure. [...]
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