[...] Dès lors, Willie renonce à parler à son épouse. Il lui transmet une carte postale. L'objet suscite la désapprobation et le dégoût de Winnie.
Winnie médite sur le langage (mais que veut donc dire « porc » ?) et sur son existence. Son mari l'agace mais force est de constater que sa présence est salutaire dans cet endroit désert : il lui permet de ne pas être accablée par la solitude et de ne pas soliloquer (...)
[...] De son coté, Willie rampe laborieusement autour du tertre. Agacée par les gesticulations ridicules de son époux, Winnie sollicite son attention : elle lui demande de répéter ses paroles. Elle ne saurait taire son angoisse de la solitude : elle craint que Willie ne l'entende, ni ne la voie. Mais Willie est incapable de la rassurer. Ses angoisses sont interrompues, pour un temps, par le passage d'une fourmi portant un œuf. Cet interlude incongru est l'occasion pour le couple de plaisanter sur le jeu de mots formication Mais Willie retombe dans le silence. [...]
[...] Heureusement quelques bruits viennent rompre cette retraite forcée. Elle rassemble ses souvenirs : son enfance, le couple Piper-Cooker, la souris qui lui monta sur la cuisse alors qu'elle jouait à la poupée et qui reste à jamais un souvenir traumatique de son enfance. Elle crie, appelle son mari à l'aide en vain. Prisonnière du silence et de la solitude, Winnie cherche le salut dans le souvenir d'heureux instants passés avec son époux. Willie, en vêtement de cérémonie, paraît enfin. Il tente de rejoindre sa femme au sommet du tertre, en dépit des sarcasmes et des citriques dont l'accable Winnie. [...]
[...] Samuel Beckett, Oh les beaux jours Pièce de théâtre en deux actes Acte I Un tertre baigné d'une lumière aveuglante. Winnie, une bourgeoise quinquagénaire, est enfoncée jusqu'au buste au sommet de la colline. Derrière le tertre, son époux, Willie, est endormi sur le sol. Une sonnerie retentit. Aussitôt Winnie extrait de son sac, posé à sa gauche, des objets de toilettes : dentifrice, brosse, miroir, lunettes Elle se brosse les dents et elle s'examine dans le miroir, satisfaite de ne pas, lui semble t-il, avoir changé. [...]
[...] Mais ses questions restent vaines. Winnie décide de sortir de son sac son révolver. Elle manipule son ombrelle jusqu'à ce que l'objet prenne feu, elle sort sa boîte à musique et écoute L'heure exquise de La veuve joyeuse, que son mari fredonne pour son plus grand plaisir. Elle évoque un couple les Piper-Cooker. Willie décide de regagner la place qu'il occupait au début de l'acte. Il rampe, se contorsionne difficilement sous le regard de son épouse. Celle-ci confie son souhait : elle désire voir son époux vivre à ses côtés. [...]
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