Guidé par le maître mot "liquidité", le sociologue polonais Zygmunt Bauman explore dans L'amour liquide : De la fragilité des liens entre les hommes diverses phénoménologies du lien social.
Né en 1925, ce Juif Polonais d'origine modeste a échappé aux camps de concentration en fuyant en URSS.
Devenu professeur à l'université de Varsovie, il y acquiert une réputation internationale (...)
[...] II partage avec Anthony Giddens, l'idée que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'histoire: la modernité liquide Les liquides, contrairement aux corps solides, ne peuvent pas conserver leur forme en cas de changement. Ainsi, les liens humains sont liquides dans une situation de changement constant qui est celle de notre époque. De plus, il oppose la liquidité du monde d'aujourd'hui à la solidité des institutions du monde industriel d'hier (de l'usine à la famille). Son ouvrage se divise en quatre sections, qui abordent des thèmes très différents, mais qui suggèrent tous que le monde liquide d'aujourd'hui triomphe au travers de la flexibilité, mais aussi de l'insécurité et de la peur. [...]
[...] Un territoire sans Etat-nation devenait un no mans' land, une nation sans Etat devenait un monstre à qui on laissait le choix de disparaître volontairement ou d'être exécuté (ce qui n'est pas entièrement juste car de nombreux pays soutiennent la cause de la Palestine); un Etat sans nation ou avec plus d'une nation se transformait en un résidu du passé ou un mutant devant choisir entre se moderniser ou mourir Globalement, ceux qui n'arrivent pas à se constituer en citoyens (c'est le cas des réfugiés et des migrants) deviennent un problème pour les Etats-nation, qui souhaitent respecter la trinité. Les réfugiés sont l'incarnation de cette extraterritorialité du monde moderne liquide et de la précarité de la condition humaine. Ils ont pour but de survivre au jour le jour (or survivre est rattaché par Z. Bauman et à juste titre il me semble, à l'inhumanité de leur condition de vie). Les camps de réfugiés n'ont rien à voir avec des communautés qui seraient des miniatures de la société ; ce sont des hyperghettos, incapables de se reproduire par eux-mêmes. [...]
[...] En retour, la ségrégation spatiale elle aussi accentue la mixophobie. En tout cas, il demeure une certitude : la ville est un lieu indispensable au contact humain. Z. Bauman le concède, mais du bout des lèvres ; pour ma part, je suis effectivement convaincu que la ville peut vraiment rapprocher les hommes lorsque des politiques de la ville tentent d'harmoniser les conditions de vie, et d'empêcher aux zones difficiles de rester en dehors Bauman conclut qu'il faut trouver des solutions locales à des problèmes globaux. [...]
[...] Elle émerge, après l'effondrement de certaines idéologies et tente de surmonter le désenchantement du monde, après la désagrégation des repères culturels ou religieux, et l'échec patent des utopies révolutionnaires. Elle met en relief la contraction de l'espace, l'accélération du temps, l'éphémère, le virtuel, l'individualisme à outrance, les liens sociaux en déliquescence et l'affaiblissement de la fonction intégrative des institutions. Il me semble par conséquent que cette définition convienne mieux que l'adjectif moderne à la société liquide qu'il décrit dans cet ouvrage. [...]
[...] Selon le sociologue polonais, la ville est le dépotoir des problèmes globaux. On assiste à des décalages socio- politico-culturels associés au passage de la phase solide à la phase liquide de la modernité. En effet, dans la ville, émerge une ségrégation spatiale due à la formation de ghettos de riches et de ghettos de pauvres, dépourvus de toute communication entre eux, puisque hermétiques et repliés sur eux-mêmes. Le mouvement des hommes entre le centre-ville et la périphérie ne fait que souligner la répulsion qu'ils ont à vivre dans un espace qu'ils jugent insécuritaire, chargé d'anxiété, d'agressivité, de crainte et d'inconnu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture